Genève

Avec les festivals, faut-il s'inquiéter des piqûres sauvages ?

29.06.2022 10h22 Céline Argento

piqures

Vous avez certainement entendu parler de ce phénomène, celui des piqûres sauvages en soirée, au Royaume-Uni ou en France. Des cas présumés ont été signalés en Suisse mais sans trace de substance administrée. Avec les festivals de l'été, faut-il s'inquiéter ? Le milieu médical donne ses conseils et incite à éviter la psychose autour du phénomène.

C’était en mai 2022, au festival Balelec à lausanne. Durant l’événement plusieurs personnes sont victimes d’une sensation de piqures. Un festivalier raconte sur l’instagram Payetonepfl: «je ressens une fine aiguille percer ma peau au niveau du grand rond (derrière l’aisselle). Peu à peu une sensation de froid s’installe dans la zone touchée.» Une fois arrivé à l’infirmerie, un membre du personnel l’ausculte: «celle-ci me confirme que j’ai bel et bien une trace de piqure à l’endroit indiqué» La victime conclut le message en indiquant avoir porté plainte. 

Lésions compatibles, mais pas de substance

En France, plus de 800 plaintes et 1098 témoignages étaient rapportés au 16 juin, selon le journal Le Monde. Des images de vidéosurveillance à Toulon ont permis de confirmer les agissements d'un suspect. Un second suspect a été arrêté avec quatre seringues et deux aiguilles. La police genevoise n’a encore reçu aucune plainte mais se dit prête à affronter ce genre de cas. Dans le canton de Vaud, la police a communiqué: «Ces derniers week-ends, les services d’urgences du canton ont accueilli quelques personnes, dont certaines présentaient des lésions compatibles avec des piqûres (traces visibles). Il convient de relever que les analyses toxicologiques réalisées n’ont permis, à ce jour, de relever aucune trace de substance particulière injectée.»

C’est là, le grand mystère. Plusieurs victimes ont des symptômes de malaise après piqûre, mais aucune substance n’est détectée dans les analyses médicales. Aux HUG, il y a eu de très rares suspicions mais aucun cas confirmés par les médecins. S’il devait y en avoir, les prélèvements seraient analysés au laboratoire de toxicologie, essentiellement grâce à l’urine: «C'est la poubelle de notre corps, elle permet de retracer ce qu'il s'est passé dans les heures précédentes» explique le responsable du laboratoire Pierre Lescuyer. Pour cet expert en toxicologie, la drogue du violeur, le GHB, peut difficilement être en cause dans ces piqûres: «Pour le détecter, il faut injecter au moins un gramme par seringue, ce qui est peu probable comme la victime sent la piqûre.» 

D’autres substances sur le marché seraient plus fortes, par voie cutanée et en petite dose: «Des dérivés de la morphine par exemple». Pour les piqûres ou dans tout autre cas de soumission chimique, le problème est la faible durée de vie de ces produits dans le corps, comme le rappelle la docteure Birgit Gartner, médecin adjoint aux HUG: «Dans ces cas, le problème est que la consultation tarde souvent. Or ces produits utilisés pour la soumission chimique disparaissent rapidement». 

Les festivals misent sur la prévention

Rappelons que les cas avérés en Suisse de soumission chimique sont très rares. Pour le reste, la prévention est toujours utile: il est conseillé de bien garder son verre protégé, ne pas boire dans celui des autres. En cas de suspicion de piqûre, tout de suite consulter. Les médecins pourraient aussi distribuer un traitement anti-VIH (ce fût le cas en France) car de mêmes seringues pourraient être utilisées sur plusieurs personnes. 

Contactés, plusieurs festivals disent privilégier la prévention, sans mesure particulière au sujet des piqûres. Paléo devrait communiquer prochainement.