Genève

La population genevoise armée contre le Covid sauf Omicron

28.07.2022 18h11 Philippe Verdier

Covid

Une vaste étude menée au printemps sur plus de 2500 personnes révèle que près des trois quarts des Genevois ont développé des anticorps suite à une infection. Huit personnes sur dix ont des défenses contre les variants Alpha et Delta, mais moins d’une sur deux en a contre les sous-variants BA.4/BA.5 d'Omicron.

Vingt-neuf mois après le début de la pandémie de COVID-19, la quasi-totalité de la population du canton (93,8%) a développé des anticorps contre le SARS-CoV-2 à la suite d'expositions à différents variants et/ou à la vaccination.

Une étude précédente publiée par la même équipe de recherche en juin-juillet 2021 faisait état d’anticorps chez deux tiers de la population. La moitié les avait acquis par infection.

Mais l’introduction de la vaccination en décembre 2020 et son extension aux 12-15 ans à partir de juin 2021, puis aux 5-11 ans dès janvier 2022, ainsi que les vagues Delta (automne-hiver 2021/2022) et Omicron (hiver-printemps 2022) ont modifié le paysage immunitaire, indique jeudi un communiqué commun de l'Université et des Hôpitaux universitaires de Genève (UNIGE/HUG) ainsi que de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Immunité réduite à Omicron

L’étude montre que la séroprévalence globale des anticorps contre le SARS-CoV-2 est aujourd’hui de 93,8 %. Chez les 75 ans et plus, elle grimpe à 96,7%. Aucune différence entre hommes et femmes n’a été constatée. Les trois quarts (72,4%) de la population les ont acquis par infection, ce qui représente une progression de plus de 42% en un an.

Des analyses in vitro conduites à l’EPFL permettent de tester le degré avec lequel ces anticorps neutralisent les différents variants du virus. Huit personnes sur dix (79,5%) ont des anticorps neutralisant Alpha, tandis que moins de la moitié (46,7%) ont des anticorps qui neutralisent les sous-variants d’Omicron BA.4 et BA.5.

Plus de 90% des enfants de 6 à 11 ans et plus de 75% des enfants de 0 à 5 ans ont acquis des anticorps suite à l’infection. Par contre, chez les enfants de moins de 12 ans, ces anticorps semblent être nettement moins neutralisants que chez les personnes plus âgées, en particulier contre les sous-variants d'Omicron.

"Selon nos modèles, ceci s’explique en partie par un taux de vaccination plus faible chez les mineurs que chez les adultes", explique Silvia Stringhini, épidémiologiste aux HUG et professeure assistante à la Faculté de médecine de l’UNIGE, citée dans le communiqué.

Effet important du rappel

L’étude montre encore que la vaccination, et en particulier la dose de rappel, contribue fortement au pouvoir neutralisant des anticorps contre les variants Alpha et Delta.

En effet, l’immunité contre ces derniers se monte à plus de 90% chez les personnes ayant reçu des rappels, tandis qu’elle chute à 60% chez les personnes non infectées qui n’ont reçu que deux doses. Concernant les sous-variants d’Omicron, c’est la combinaison entre le rappel du vaccin et une infection récente qui protège le mieux.

Pour Idris Guessous, médecin-chef aux HUG et professeur associé à la Faculté de médecine de l’UNIGE, responsable de l’étude, "ces résultats suggèrent que le développement de vaccins visant spécifiquement les variants Omicron serait utile pour prévenir la diffusion des infections et leurs conséquences sanitaires et économiques".

Plus de 2500 Genevois ont participé à l’étude, actuellement en phase de pré-publication, réalisée entre le 29 avril et le 9 juin 2022. La capacité de neutralisation des anticorps contre différents variants a été évaluée à l'aide d'un test développé par les équipes de Didier Trono à l’EPFL et Giuseppe Pantaleo au CHUV de Lausanne.