Genève

Mauro Poggia annonce son intention de démolir la prison de Champ-Dollon avant 2030

29.07.2022 14h00 Jérémy Seydoux / Sylvia Revello (Le Temps)

Mauro Poggia Le président du Conseil d'Etat Mauro Poggia interrogé dans son bureau, le vendredi 29 juillet 2022.

Lors d’un entretien donné au Temps et à Léman Bleu à l’occasion du 1er août, le président du Conseil d'Etat genevois a dévoilé les contours d’un vaste chantier pénitentiaire. A terme au moins quatre nouveaux établissements devraient voir le jour sur le site de Puplinge.

Vétuste, surpeuplée et décriée depuis des années, la prison de Champ-Dollon, à Genève, devrait être démolie d’ici 2030. Le président du Conseil d'Etat Mauro Poggia l’a annoncé au Temps et à Léman Bleu à l’occasion d’un entretien enregistré ce vendredi en vue du 1er août. Deux ans après l’échec du projet des Dardelles, rejeté par le Grand Conseil fin 2020, un horizon se dessine sur le plan des infrastructures pénitentiaires.

370 places supplémentaires

A la place de Champ-Dollon, située sur la commune de Puplinge, l’Etat veut construire au moins quatre nouveaux bâtiments pénitentiaires: une prison pour la détention préventive dotée de 300 places; une autre pour l’exécution des peines d’une capacité de 350 places qui viendrait compléter l’établissement de la Brenaz (170 places) et enfin deux structures dédiées uniquement aux femmes (l’une de 55 places pour la détention avant jugement, l’autre de 30 places pour l’exécution de peines). A l’avenir, d’autres bâtiments sont également prévus pour les mineurs et la détention administrative. Si l’ensemble du projet est accepté, le canton serait ainsi doté de quelque 1120 places au total contre 750 aujourd’hui. Rien qu’à Champ-Dollon, 525 détenus sont actuellement incarcérés, tout statut confondu, pour une capacité initiale de 398 places.

«A terme, l’Office cantonal de la détention, aujourd’hui basé aux Acacias, devra aussi déménager sur le site, précise le chef du Département de la sécurité, de la population et de la santé. Avant de procéder à la démolition de Champ-Dollon, le nouveau bâtiment devra être construit afin d’y transférer les détenus.» 

Tirer les leçons du refus des Dardelles

Depuis 2018, l’Etat a investi près de 11 millions de francs pour tenter de rénover le bâtiment de Champ-Dollon qui se dégrade de toute part. Récemment, le collectif Parlons Prison pointait du doigt des conditions de vie inacceptables par temps de canicule. Pour Mauro Poggia, freiné dans la mise en œuvre de son grand projet de réforme baptisé «Ambition», il faut mettre fin à cette fuite en avant et recommencer à zéro. «Le refus des Dardelles nous a forcé à repenser un projet cohérent qui tienne compte des besoins à long terme», plaide le magistrat qui espère avoir l’appui des députés, une fois les projets de loi déposés, ce qui devrait se faire d’ici 2023. «Une loi-cadre qui dévoile les différentes pistes a déjà été présentée cette année, ceci dans le but d’associer le Grand Conseil le plus tôt possible», ajoute Mauro Poggia. Un premier pas sur un chemin qui s'annonce long et complexe.