Genève

Végétaliser la ville, un défi urgent pour Genève

24.08.2022 16h36 Gilles MIELOT

vegetalisation

L’été caniculaire que nous venons de vivre est appelé à devenir la norme selon les experts. Construire des habitats efficients au niveau énergétique est primordial pour limiter les consommations d’énergie en hiver mais aussi rafraichir nos espaces de vie en été. Un véritable défi pour Genève qui doit combiner une forte densité de population et un territoire exigu.

La nature en ville, plus qu’un concept, une nécessité. Du vert en périphérie, mais plus on s’enfonce au cœur de la cité, et plus le béton prend l’avantage. Planter des arbres au pied des immeubles ne suffit plus. Les végétaux n’ont pas la place de s’épanouir dans des sous-sols saturés de canalisations, et il faudra des années pour que les arbres atteignent une taille optimale. Les projets de construction sont nombreux dans le canton, mais peu ont pris un virage pour lutter contre les canicules estivales.

À la place de l’ancienne caserne des Vernets, il y aura bientôt 1'400 logements, 5'200 habitants, et 25’000 m2 d’espaces verts. Un projet né il y a quinze ans, farouchement combattu par des opposants dont Jean-pierre Fioux, membre du Collectif des associations d’habitants de quartiers de Genève. Il déplore l'abattage de dizaines d'arbres qui auraient pu être intégrés au projet.

La nature en façade

Au delà des parcs, végétaliser des immeubles est possible, Genève en a quelques exemples, à Meyrin, à Champel ou à Plan-les-Ouates. Pour l'architecte Stéphane Fuchs, «ça ne coûte pas plus cher, cela nécessite un entretien une fois par année, mais c'est minime par rapport à la qualité de vie que cela engendre». Stéphane Fuchs précise que «la plante en pleine terre est idéale, et que pour des immeubles plus haut, les plantes en bacs risquent de se dessécher».

Des contraintes architecturales qui ne sont pas insurmontables. L’Hépia forme les bâtisseurs de demain dans cette philosophie avec plusieurs tests de toitures végétalisées au centre horticole de Lullier. «Il y a plusieurs techniques qui dépendent du choix des matériaux et de ce que l'on cherche à obtenir» précise Ewa Renaud biologiste à l'Hépia.

Valorisation des matériaux locaux

Pour Patrice Prunier, professeur en ecologie végétale à l'Hépia, «Une épaisseur de substrat de 20 à 30 cm permet de diminuer la température sur la toiture de près de 15 degrés». Reste à résoudre la difficile équation entre densité et efficience climatique. Pour Marc Muller, ingénieur en énergie, «Il est essentiel de végétaliser les rues et d'enlever les voitures».

Si le constat est unanime, les moyens pour y parvenir divergent. L’affaire du dégrappage aux Pâquis a montré ses limites en prenant une tournure politique. Thibault Schneeberger, coordinateur romandie actif trafiC attend «depuis des années que les lois votées et acceptées par le peuple soient mises en oeuvre».

Conscient du problème, le canton prévoit d’investir 500 millions d’ici 2060 pour obtenir une couverture arborée de 30% en zone urbaine sans compter les parcs. Une augmentation de 9% par rapport à la couverture actuelle.