Genève

Travailleurs exploités sur un chantier de l'aéroport

26.08.2022 18h17 Lucie Hainaut

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À l’Aéroport de Genève, le chantier du nouveau centre de tri bagages est à l’arrêt depuis mi-juillet. En cause: des manquements de la part d’une entreprise sous-traitante. Le syndicat Unia dénonce l’incertitude dans laquelle se retrouvent une cinquantaine de travailleurs. 

Mi-juillet, le Bureau de contrôle des chantiers constate des manquements à l’aéroport. En cause: Mitel international SA, une entreprise sous-traitante. Elle employait 50 travailleurs actifs sur le chantier du centre de tri bagages. Et selon le syndicat Unia, les problèmes sont nombreux: «On a constaté des salaires en-dessous du salaire minimum, jusqu'à 9 euros de l'heure. Au niveau des horaires, les employés travaillaient jusqu'à 10-12 heures par jour», détaille Alejo Patiño, secrétaire syndical Unia.

Plus de sous-traitance sur les chantiers

Unia exige que l’aéroport s’engage à ne plus mettre en place de sous-traitance sur ses chantiers. Mais l’entreprise publique n’envisage pas cette mesure: «Le non-respect des dispositions de protections sociales et des conditions de travail peut se produire même dans le cas d’un contrat de partenariat direct. Les rapports de travail entre employeur et employés relèvent du ressort interne de l’entreprise: la société mandataire n’a aucun pouvoir. L’interdiction de la sous-traitance ne règlerait donc pas la question pour Genève Aéroport», nous répond l'organisation par e-mail.

«La responsabilité de l'aéroport est énorme»

Le syndicat considère l’aéroport en partie responsable des manquements: «La responsabilité de l'aéroport est énorme. C'est eux qui ont choisi de travailler avec Leonardo SA, c'est eux qui ont choisi ce système de sous-traitance que le syndicat Unia dénonce depuis des années» fustige Alejo Patiño.

Questionnée sur le sujet, l’entreprise publique réfute cette accusation: «Genève Aéroport n’a pas de responsabilité vis-à-vis des travailleurs lésés, au contraire nous ne tolérons pas les sociétés ne respectant pas la loi sur le travail, les CCT ainsi que le salaire minimum. Dès que nous avons constaté les manquements, nous avons exclu les sociétés en question de nos chantiers et bloqué les accès. […] Genève Aéroport a obtenu l’engagement de Leonardo SA que les travailleurs concernés seront repris via une autre société pour continuer le chantier».

Difficile de savoir quand le chantier pourra reprendre. Pour l’heure, les travailleurs lésés sont retournés chez eux, en Italie ou en Roumanie. Ils n’ont pas encore touché de salaire pour le mois d’août.