Genève

Fin de «l'open bar» pour les médecins qui s'installent à Genève

15.09.2022 18h11 Delphine Palma

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Les médecins de ville ne pourront plus s’installer comme bon leur semble à Genève. Pour lutter contre les sureffectifs et anticiper la modification de la loi fédérale, le canton instaure un quota dès le 1er octobre. Les nouveaux médecins devront attendre qu’une place se libère pour s’installer. Le corps médical est inquiet.

Le nombre limite de médecins de ville sur le canton est fixé à 2’150 équivalents temps pleins. Au-delà de ce chiffre, les nouveaux médecins qui veulent s’installer devront patienter jusqu’à ce qu’une place dans leur spécialisation se libère.

« Aujourd’hui, c’est open-bar »

Cette disposition, la clause du besoin, découle de la nouvelle loi fédérale sur l’assurance-maladie. Tous les cantons doivent l’appliquer, Genève en tête. Elle compte l’une plus grande densité de médecins par habitant de Suisse. Conséquence : des coûts de la santé 2x plus élevés qu’ailleurs, insiste Mauro Poggia. « Aujourd’hui, c’est open-bar. Lorsque l’on a son diplôme en poche, on s’installe où l’on veut, quand on veut, et on facture à charge de l’assurance sociale. Sans limitation. La médecine n’est pas une profession libérale comme les autres. C’est la collectivité qui assume les coûts », assène le conseiller d’Etat.

Critères de sélection inquiétants

Dans le milieu des praticiens, on reconnaît bien volontiers que certaines spécialités sont saturées. Mais on critique un manque de finesse dans la mise en application de ce numerus clausus. « Le critère de sélection ne doit absolument pas être l’ordre d’inscription du médecin candidat, et ce dans n’importe quelle spécialité, mais l’assurance que ce médecin ait une excellente formation », souligne Didier Châtelain, président des médecins généralistes genevois. « L’inverse serait extrêmement inquiétant pour les patients ».

« Injustice » pour les médecins en formation 

Pour les médecins en formation qui se sont déjà spécialisés, cette nouvelle donne parait particulièrement injuste. Ils devront soit attendre, parfois plusieurs années, soit changer de canton ou de pays, ou alors entamer une nouvelle spécialisation. « Il nous aurait paru plus honnête pour les personnes en cours de formation, que ces changements soient annoncés avant qu'ils n’entament leur spécialisation », détaille Sylvain De Lucia de l’Association des médecins d’institution de Genève (AMIG). « Il aurait aussi été souhaitable de réguler ces quotas sur la base de chiffres avec un plan stratégique incluant tous les partis. »

 

L’entrée en vigueur de cette limitation est prévue tout bientôt au 1er octobre prochain à Genève. Tous les cantons ont jusqu’à juillet 2023 pour adopter cette nouvelle disposition.