Genève

Féminicide de Chêne-Bourg: l'affaire jugée en appel

19.09.2022 18h42 Julie Zaugg

Retour sur le féminicide de Chêne-Bourg, survenu en 2019. La justice avait condamné le compagnon de la jeune femme à 13 ans de prison l’hiver dernier, pour l’avoir tuée d’un coup de couteau dans le thorax. Un procès en appel a lieu cette semaine.

Il s’agit même d’un double appel: l’accusé et le Ministère public demandent à revoir la peine. L’un espère un acquittement, l’autre persiste sur la sentence initialement requise de 18 ans de prison, cinq ans de plus que celle infligée cet hiver.

La Cour a donc à nouveau entendu aujourd’hui l’accusé, un jeune homme de 25 ans, qui a toujours nié avoir tué sa petite amie. Pour rappel, il soutient que cette dernière s’est suicidée en se plantant elle-même un couteau dans la poitrine, dans le lit conjugal, après une discussion houleuse.

Langage soutenu et réponses laconiques

Le déni, c’est vraiment la ligne de défense de l'accusé depuis le début de l’affaire. Déni, jusqu’à réfuter des éléments clairement avérés du dossier, comme sa jalousie et sa possessivité, par exemple.

Dans ce deuxième volet du procès, on aurait pu s’attendre à une évolution, un changement d’attitude mais pas du tout. Plus encore: on sent qu’il essaie d’utiliser un langage très soutenu pour s’adresser au tribunal et qu’il se perd dans le choix du vocabulaire, ce qui rend ses propos parfois confus. Il pense qu’en admettant être possessif ou avoir des accès de colère, cela signe son mobile et sa culpabilité. C’est ce qu’il a avoué ce matin, après des questions piquantes de son nouvel avocat Me Spira.

Mais globalement ses réponses restent lacunaires, laconiques, sans jamais de détail sur les échanges même lorsque la Cour insiste, et c’est cette absence de réponse qui devient insupportable pour les parties plaignantes, représentées par Me Yaël Hayat et Me Guerric Canonica.

Les parents et la sœur de la victime étaient à nouveau présents aujourd’hui, la mère a notamment pu s’adresser à l’accusé. Elle qui, trois ans après, n’a toujours pas pu se résoudre à aller déclarer le décès de sa fille à l’Etat civil français. Elle a supplié le jeune homme de lui apporter plus d’explications; malheureusement, il est peu probable que l’accusé change de posture d’ici mardi pour la fin des débats.