Genève

Suicide ou féminicide à Chêne-Bourg?

20.09.2022 19h12 Rédaction

live u feminicide

Retour devant la chambre pénale d’appel et de révision, pour l’affaire du féminicide de Chêne-Bourg. Pour rappel une jeune femme était morte après un coup de couteau dans le thorax en 2019. Son compagnon a été condamné en février à 13 ans de prison. Lui clame qu’il s’agit d’un suicide. Ce mardi, la parole était à La Défense.

Les plaidoiries des avocats du jeune homme, Me Vincent Spirat et Me Robert Assaël ont duré cinq heures. La Défense a évoqué le risque que l’on commette une erreur judiciaire dans cette affaire. Dans ce dossier, tout semble accuser leur client, disent-ils, mais est-il réellement coupable?

Le doute persiste selon eux et pour renforcer ce doute, la Défense est allée chercher dans les messages de la victime. Les avocats ont voulu montrer le mal-être, profond de cette dernière, qui mentionne un mal de vivre, un tourment régulier et qui lance souvent à la volée des idées suicidaires sans pour autant les réaliser.

Ils ont montré les échanges parfois violents entre elle et son compagnon, un couple «qui fonctionne comme ça, se déchire mais s’aime», expliquent-ils. Ils ont aussi lu des messages preuves de tensions familiales, avec une grand-mère rude qui semble détester le prévenu et le fait payer brutalement à sa petite fille dans ses écrits. La victime subissait des pressions de certains proches qui n’approuvaient pas ses choix. Est-ce une situation de plus qui pesait tant sur ses épaules qu’elle finira par se suicider? C’est la thèse de la Défense, qui demande l’acquittement de leur client.

«Le dossier est trop peu solide pour demander une peine de 18 ans de prison, et encore moins sous la qualification d’assassinat» – Me Robert Assaël

Pour la partie plaignante, les plaidoiries du jour ont finalement visé à inverser les rôles en dépeignant le prévenu comme un innocent et donc, forcément, la victime comme la coupable. Un affront pour la famille de la jeune fille présente dans la salle. Les messages lus à la Cour par la Défense ont évidemment été sélectionnés de sorte que les échanges joyeux et mentionnant un avenir passent à la trappe, expliquait Me Yaël Hayat. Pour elle et Me Canonica, l’attitude du prévenu juste après le drame – avoir quitté l’appartement, appeler sa sœur depuis sa voiture puis mettre trois quarts d’heure à appeler le 144 – est plus que suspect. Ils en sont certains, la sœur de ce jeune homme a recueilli des confessions et connaît la vérité, mais cette dernière a toujours refusé de témoigner auprès de la police.

Les débats prennent fin aujourd’hui, le jugement sera rendu ultérieurement.