Genève

De plus en plus de Genevois veulent un suicide assisté via Exit

30.09.2022 10h04 Céline Argento

exit

Le 13 septembre dernier, Jean Luc Godard trouvait la mort par suicide assisté.  En Suisse, plusieurs structures le permettent, plus ou moins coûteuses, et dans différents cadres. La plus connue de ces associations reste Exit. Depuis une dizaine d’années, les fins de vie assistées ne cessent de croître. Notamment à Genève, l’un des cantons les plus demandeurs

Fernand a fêté cette année ses 100 ans avec toute sa famille. En témoignent ces livres d’affection et mots de ses petits enfants et arrières petits enfants. Aujourd’hui en pleine forme, il a pourtant vécu nombre de soucis de santé: «J'ai eu un cancer du côlon, et deux AVC». Récemment, il subit une grave infection des poumons. Au plus mal, il prend une grande décision avec sa fille, médecin: «Depuis mon lit d'hôpital, j'ai envoyé cette lettre à Exit. À chaque gros problème de santé, je voulais mourir». Andrée, la fille de Fernand, est elle aussi inscrite: «Je ne veux pas faire subir la souffrance à mes proches». 

Comme Fernand et Andrée, de nombreux Suisses se renseignent sur la fin de vie assistée. En 2021, 421 personnes sont décédées en Suisse romande via Exit, 109 à Genève. Le chiffre ne cesse d’augmenter depuis 2000 comme le rappelle Jean-Jacques Bise, co-président d'Exit Suisse romande: «C'est l'ultime liberté, dans un monde qui en gagne de plus en plus.»

Conditions strictes

Pour effectuer le geste final, les conditions sont très précises: être capable de discernement, ne pas faire un choix sous pression de quiconque, et être en grande souffrance. Jean-Jacques Bise: «On entend par grande souffrance les maladies graves dont une fin de vie peut-être estimée. Mais aussi les polypathologies liées au grand âge». L’association n’aide que les résidents suisses, rappelle Jean-Jacques Bise: «il n'y a qu'à payer la cotisation de 40 chf par année». Les personnes voulant partir choisissent le lieu, la date, l’heure, les proches présents. Dominique Delannoy est accompagnatrice bénévole, comme une quarantaine de personnes dans l’association: «La mort fait partie de la vie. Je n'ai pas de gêne avec cela».

«Je n'ai pas peur» 

Le décès via Exit de Jean-Luc Godard a remis le sujet sur la table il y a deux semaines. L’association voit directement l’impact: «Nous avons beaucoup plus d'inscriptions que d'habitude, dès qu'un événement d'actualité survient» explique la secrétaire Maria Burri, qui croule sous les téléphones. Fernand lui, s’éteindra de lui même ou fera appel à l’association, un jour peut être: «je n'ai pas peur». En attendant, tous vivent de précieux moments.