Trouver sa voix quand on est trans*

Le premier colloque sur la santé et l’intégration sociale des personnes trans* en Suisse romande se tient en ce moment à Genève. Il se penche sur la prise en charge et l'accès aux soins des personnes trans*. Parmi les problématiques abordées: celle de la voix. Elle représente un réel défi pendant la transition. 

Mya Bollaers est chargée de projet à l’association Épicène. Lorsqu’elle commence une transition, elle a 16 ans. Mais c’est 6 ans plus tard, à 22 ans, qu’elle se fait opérer des cordes vocales: «C’est la dernière opération que j’ai faite, après moult et moult opérations. Et c’est celle qui a le plus changé ma vie et qui a eu le plus grand impact dans ma vie au quotidien, dans la confirmation de qui je suis, dans ma confiance en moi…» confie la jeune femme. L’opération qu’elle a subie n’est pas pratiquée en Suisse. Dans notre pays, la chirurgie de la voix pour les personnes trans* est à la traîne: «On a des pratiques en Suisse qui ne sont plus du tout celles qui sont pratiquées à l’étranger, parce qu’on a des techniques qui ont 15 ou 20 ans» déplore Lynn Bertholet, présidente de l’association Épicène.

«On est une population dont l’état de santé général n’est pas très bon»

Cela concerne tous les aspects de la prise en charge médicale des personnes trans*. C’est la problématique abordée par le colloque Santé Trans*, organisé par l’association Épicène: «Le suivi médical des personnes trans* laisse à désirer: quand elles ont mal au ventre, ou n’importe quelle maladie, elles sont systématiquement traitées mal, plutôt que mal traitées, parce que c’est souvent pas volontaire. Mais c’est un vrai souci parce qu’à la fin, on est une population dont l’état de santé général n’est pas très bon» constate Lynn Bertholet.

Changer la vie des personnes trans*

Pour modifier sa voix sans passer par la chirurgie, il est possible de travailler avec un coach vocal. Robin de Haas est invité pour expliquer son métier pendant le colloque: «Il y a toutes sortes de caractéristiques qui peuvent être dans le son à proprement dit, mais aussi dans l’intonation, ce qu’on appelle la prosodie, la musique de la langue. On va se demander comment une personne qu’on prend pour une femme parle, quel est son rythme de paroles, quelle est la durée de ses voyelles, quelle est son intonation… On va pouvoir leur apprendre à identifier cela, modifier la hauteur du son bien sûr, mais ce n’est pas le seul paramètre» détaille le consultant vocal. Ce travail peut changer la vie des personnes trans*. Lynn Bertholet se souvient des résultats, après un stage avec Robin de Haas: «Très vite, on a commencé à me dire Madame au téléphone. Et c’est juste incroyable quand on raccroche et qu’on entend au téléphone "Au revoir Madame, bonne journée Madame", pour moi c’était… Waow ! ».