Genève

Marc Bonnant: «la bienséance, est-ce être bien assis? Où que l’on soit assis, on l’est toujours sur son cul»

18.10.2022 19h59 Rédaction

L’ordre des avocats de Genève est divisé sur les questions de société qui agitent notre époque. Fin septembre, certains thèmes du Concours oratoire Michel-Nançoz ont suscité des réactions outrées de plusieurs avocats.

Sur les neuf thèmes retenus lors du Concours oratoire Michel-Nançoz, trois prenaient position notamment sur le langage épicène, le néoféminisme et le consentement. Le bâtonnier Miguel Oural a été saisi par plusieurs membres, heurtés, qui ont exprimé leur malaise. Ce dernier appelle ce mardi dans Le Temps à faire preuve de bienséance et de réfléchir à la manière de formuler certains sujets pour respecter les diverses sensibilités. 

L’ancien bâtonnier et pilier de ce concours Marc Bonnant se montre sceptique vis-à-vis des propos de Miguel Oural: «Il a tenu des propos qui se veulent pacifiants. On peut se demander si la paix est la forme la plus achevée du combat des idées. Le combat des idées, c’est un affrontement. Je suis intrigué par la notion de bienséance. Est-ce être bien assis? Où que l’on soit assis, on l’est toujours sur son cul. Est-ce qu’il voudrait que l’on soit tous bien assis quand on parle?»

«Débâtons, fâchons-nous»

Pour lui, la question de la misogynie a heurté: «Aujourd’hui, la misandrie est de mode, la misogynie n’est plus articulable, alors cela a heurté des sensibilités. Mais c’est la jeune génération. Ils sont sensibles à l’impératif rimbaldien, ils sont dans le vent et pour moi, ils ont un destin de feuilles mortes.» Marc Bonnant affirme respecter la liberté d’expression et le débat d’idées, «dans le monde des avocats, je pense qu’il serait inconcevable que l’on soit sensible aux nouvelles morales, aux nouvelles censures.» Il dénonce la cancel culture, «comment combattre l’idée? Certainement pas par la censure. Débattons, fâchons-nous.»

Porteur d’une certaine vision, Marc Bonnant s’attaque aux féministes: «Celles qui veulent s’incarner plutôt que d’être implicites, celles qui veulent combattre plutôt que d’être mystérieuses, celles qui préfèrent le réel à la poésie, sont des femmes suicidaires. Elles se sont dégradées.» Au sein du barreau genevois, l’ancien bâtonnier décline tout risque d’implosion, mais pointe un glissement à gauche. «Le Conseil de l’ordre s’est un peu gauchi, notamment avec le langage épicène. Quant au wokisme, ce que j’en sais du jeune barreau, c’est qu’ils n’ont pas lu. Ils ont peu de lettres et peu d’esprit. Personne n’a lu Foucault, pourtant ils s’en réclament.»