Débat: fallait-il vraiment annuler la fan zone?
La plaine de Plainpalais vide, un mal pour un bien? Deux conseillers municipaux, le Vert Omar Azzabi et le PLR Kevin Schmid, en débattent.
Il n’y aura pas de fan zone à Genève pour le mondial 2022. L’annonce est tombée hier, Frédéric Hohl, organisateur de cette fan zone, via sa société Nepsa, a annulé son événement. Entre le retrait de l’immense majorité des sponsors et des craintes sécuritaires, impossible de maintenir. «Dans le contexte de violence et d’agressivité que l’on sentait monter depuis quelques semaines à Genève, on pouvait s’y attendre. Ce sont les raisons de cette annulation que nous déplorons. Une minorité silencieuse et agressive a réussi à faire pression sur les Genevois et sur l’organisateur», tacle Kevin Schmid, conseiller municipal PLR. Il parle même «d’une dictature minoritaire».
Omar Azzabi, conseiller municipal Les Verts, pique son adversaire: «Nous avons condamné les méthodes utilisées par les critiques. Ce qu’il faut dire, et c’est étonnant de la PLR du PLR, c’est que 50 entreprises genevoises ne veulent plus associer leur nom à un évènement social, sportif et d’envergure. C’est une majorité d’entreprise qui dit “non“ à cette Coupe du Monde et refuse d’associer leur nom à cet évènement.» Rappelant les annulations diverses en Suisse et en France, il parle d’une «majorité» et explique que cette annulation n’entraînera pas de pertes financières. «On pourra dormir tranquille, on a passé un message clair à la FIFA, au Qatar et à l’ASF».
Pas de match nul
Kevin Schmid explique qu’un manque à gagner touchera les commerçants. Il rappelle aussi que la fan zone aurait pu servir pour sensibiliser face aux dérives de cette Coupe du Monde: «Nous avons perdu cet outil primordial. Je trouve décalé que la gauche unie se félicite que la violence et les menaces ait eu raison du désir de ces commerçants d’associer leur image à celle de la fan zone.»
Le conseiller municipal Vert n’y va pas de main morte: «Monsieur Schmid et le PLR dénoncent les violences, ce qui est clair c’est que cette fan zone met tout le monde dans l’embarras, ce n’est pas les violences. On se rappelle aujourd'hui la fan zone de 2008, pour laquelle Monsieur Hohl avait du mal à équilibrer les comptes, peut-être qu’aujourd’hui on est en train du lui rendre un service. Les clients vont pouvoir profiter des bars et des restaurants.»
«La Coupe du monde au Qatar a été attribuée il y a douze ans, saute de son siège Kevin Schmid. Quelques semaines avant le début de l’évènement, un certain nombre d’activistes se sont réveillés pour mettre la pression sur les Genevois, qui rêvaient d’une occasion pour se retrouver autour du sport le plus populaire au monde. Aujourd’hui, les perdants sont les Genevois et les Genevoises.» «En tant que pays hôte des organisations du football, on doit lancer un message, balaye Omar Azzabi.»
«J’en perds mon latin, si Genève a ce type de pouvoir, attaquons-nous à la faim dans le monde, réplique Kevin Schmid. Les instances politiques que vous représentez font de la politique de gesticulation.» «Les Genevois nous ont appuyés», souffle Omar Azzabi. Fin de la partie.