Genève

Blaise Mathey: «Est-il préférable d’avoir des gens qui ont un emploi à des entreprises qui ferment?»

27.10.2022 18h22 Rédaction

Le Conseil national donne un coup de frein aux salaires minimum genevois et neuchâtelois, avec une motion favorisant les conventions collectives au profit de ces derniers. Blaise Mathey, directeur de la FER Genève, réagit.

Une motion acceptée hier par la Commission de l’économie et des redevances du Conseil National prévoit que les conventions collectives de travail (CCT) nationales supplantent les règlements cantonaux. À Genève, le salaire minimum devrait atteindre 24 francs de l’heure en 2023. Dans certaines professions, ce montant est plus élevé que celui dans les CCT. Les syndicats craignent des baisses de salaires dans un climat social pourtant difficile. Des secteurs comme la restauration, la coiffure ou le nettoyage sont concernés. Blaise Mathey, directeur de la FER Genève, patron des patrons, défend cette motion. «Elle remet au centre le partenariat social au niveau national. Ces conventions étendues ont été négociées et à la fin il y a eu un accord. Or, cet accord est grignoté par des dispositifs cantonaux, comme à Genève et à Neuchâtel. La négociation est menacée.»

«C'est la rigidité du système qui est en cause»

Le 27 septembre 2020, les Genevois ont voté à 58% pour la mise en place d’un salaire minimum. «Je respecte la volonté populaire, se défend Blaise Mathey. L’idée était de préserver les conventions collectives de travail et de tenir compte des spécificités des branches. C’est la rigidité du système qui est en cause. Est-il préférable d’avoir des gens qui ont un emploi à des entreprises qui ferment?» Pour lui, le salaire minimum est synonyme de risque pour les employeurs: «Le marché du travail est tendu et je peine à croire que les salaires vont baisser. Par contre, au niveau national, je considère qu’il ne faut pas mettre les salaires au niveau genevois.»

Les secteurs hors des conventions collectives nationales ne seraient pas concernés. De même, des secteurs dont la CCT propose un salaire minimum supérieur au salaire minimum genevois ne seront pas impactés. «Il y aura une harmonisation à Genève, où le coût de la vie est élevé», suppose Blaise Mathey. Le texte, déjà voté par le Conseil des États, doit encore passer l’aval de la plénière au Conseil national.