Genève

L'accueil des personnes sans-abri n'a pas de saison

21.11.2022 18h32 Lucie Hainaut

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À Genève, les hébergements d’urgence pour les sans-abris sont très sollicités, et les bénéficiaires n’ont pas attendu l’arrivée du froid pour demander un lit. Le canton compte actuellement 500 places: un chiffre que les associations jugent insuffisant. 

Dans cet hôtel des Pâquis, les services sociaux de la Ville de Genève accueillent une soixantaine de personnes sans-abri. Il affiche quasiment complet. Cet établissement sert de lieu d’hébergement depuis la fermeture du centre Frank-Thomas, au début de l’automne. Pour bénéficier d’un lit, il faut contacter la ligne d’hébergement d’urgence: «une fois que les gens appellent, on leur attribue des places. Donc en fonction de leur situation, il y a des structures plus ou moins adaptées. À la base l’hébergement d’urgence est inconditionnel et destiné à toute personne qui se retrouve à la rue» explique Hugues Robert, adjoint de direction en charge du dispositif des urgences sociales à la Ville de Genève.

«On a des demandes d’hébergement d’urgence l’hiver comme l’été»

Dans le même quartier se trouve aussi le Passage, un lieu d’hébergement géré par L’Armée du Salut. Ici aussi, la demande ne faiblit pas : «On a des demandes d’hébergement d’urgence l’hiver comme l’été. Bien sûr que le froid peut faire émerger des demandes, mais généralement chaque jour on a des refus, et nous sommes complets tous les jours de l’année» déplore Valérie Spagna, directrice du Passage. Au printemps dernier, 200 places d’hébergement avaient pu être pérennisées, grâce aux 6 millions débloqués par l’association des communes genevoises. Mais cela reste insuffisant, selon la directrice du Passage: «Aujourd’hui il manque des places. D’autant plus qu’on a des chiffres concrets, on sait qu’il manque des places pour des femmes seules, des listes d’attentes ont dû être suspendues parce qu’il n’y a plus suffisamment de places. Pour des hommes seuls aussi, donc nous sommes inquiets pour la situation sur le canton de Genève» ajoute-t-elle.

«il faut réfléchir au dispositif de demain»

La directrice demande une meilleure coordination entre les différents acteurs investis dans l’hébergement d’urgence: «Aujourd’hui il faut réfléchir au dispositif de demain. Donc ça demande au canton, aux communes et aux associations de se mettre autour de la table pour penser ce dispositif». Le canton compterait 700 sans-abris, selon une étude mandatée par la Ville de Genève. Avec ses 500 places disponibles, le dispositif actuel ne couvrirait donc pas l’entièreté des besoins.

Un accord pérenne trouvé entre la Ville de Genève et les communes

Jusqu'à aujourd'hui, la Ville de Genève finançait les places temporaires d'hébergement d'urgence, ouvertes selon la saison, destinées aux sans-abris et le fera jusqu'au printemps prochain. C'était donc le brouillard à l'horizon quant au futur financement de ce dispositif. Une brume dissipée par l'accord trouvé entre la Ville et l'Association des communes genevoises qui garantit un socle de 500 places pour les sans-bris, durant toute l'année. 

«Mettre fin à cette politique du thermomètre est une avancée décisive» – Christina Kitsos

Christina Kitsos, conseillère administrative en Ville de Genève, détaille: «Ce chiffre de 500 places était notamment l’objectif fixé par les associations l’année dernière.» et se félicite: de «mettre fin à cette politique du thermomètre est une avancée décisive».

L'accord devra encore passer la rampe du Grand Conseil

L'accord trouvé devra encore être voté par les députés genevois pour être acté. Gilbert Vonlanthen, Président de l'Association des Communes genevoises, explique pourquoi ce vote est fondamental: «C’est la solidarité qui doit fonctionner. Cette politique publique assurée jusqu’ici par la Ville, le sera par les communes, ça fait plusieurs années que l’on en parle».