Genève

La rue du Midi résiste à la féminisation dans la dérision

22.11.2022 16h27 Delphine Palma

Les grottes

Adieu rue du Midi, bonjour rue Julia Chamorel. Enfin en théorie. Car les panneaux féminisés de cette petite artère du quartier des Grottes sont systématiquement recouverts de pancartes aux noms farfelus. Les habitants de la rue, fâchés de perdre leur adresse sans avoir été entendus, se mobilisent depuis des mois pour retrouver leur ancien nom.

Il y a eu la rue Théa Louest, la rue Aretha Connery, ou plus prosaïquement la rue Scie. Depuis qu’ils ont été installés en août, les 4 panneaux aux coins de la nouvelle rue Julia Chamorel font les frais de l’imagination sarcastique des habitants des Grottes. « C’est une rébellion poétique et drolatique », rigole Nicole Hausser, une habitante historique de la rue du Midi. Le nez en l’air sous un des 4 panneaux, elle continue: « Chacun y met sa sauce. C’est une manière d’exprimer notre mécontentement, mais de manière amusante. » 

On dirait le sud

On s’amuse, mais on s’irrite. Les habitants de la rue ont presque tous signé une pétition pour refuser le changement, mais sans aucun retour des autorités. Pour eux, cette rue, ensoleillée et à l’abri de la bise, ne saurait mieux porter son nom. «On cuit ici l'été! On trouve très bien de féminiser les rues, mais si on veut vraiment être féministe, enlevons les noms d’hommes pour les remplacer par des femmes », continue notre habitante.

«On trouve très dommage d'enlever tous ces noms charmants pour mettre des noms de personnes à la place.» Nicole Hausser, habitante de la rue.

«Des leçons à tirer»

Contactée, la ville explique que si cette rue a changé de nom ce n’est pas par caprice, mais par soucis de clarté et de sécurité. Dans le canton, il y a déjà une ruelle du Midi à la Terrassière, et une autre à Hermance. Pas possible de revenir en arrière donc, mais le dialogue est ouvert glisse Alfonso Gomez. « Je suis tout à fait disposé à recevoir les pétitionnaires pour expliquer la démarche. Pourquoi nous faisons cette féminisation.»

« Nous avons aussi des leçons à tirer pour améliorer ces processus, car nous allons continuer ces féminisations. » Alfonso Gomez.

En ville, la féminisation des rues concerne déjà une cinquantaine d’artères. Au rythme d’une dizaine par année, la ville aimerait atteindre la parité d’ici 5 ans. Aux Grottes, on prévient que la liste d’idées de panneaux est encore assez longue pour tenir un bon moment.