Genève

Manifestation pour l'Iran en marge du Conseil des Droits de l'Homme

24.11.2022 18h58 Julie Zaugg

iran

Aujourd’hui se tenait la séance extraordinaire du Conseil des droits de l’Homme dédiée à la détérioration de la situation en Iran. En marge de l’événement, des rassemblements ont eu lieu sur la Place des Nations. Près de 300 personnes étaient réunies mais les manifestants étaient loin de parler d’une même voix. 

9h ce matin. Sur la place des Nations, c’est un petit rassemblement de robes noires. En ce jour de Conseil des droits de l’homme, les avocats genevois sont venus manifester leur soutien au peuple iranien. 

«Ces iraniens qui sont aujourd'hui pris en otage par une république islamique qui ne représente ni leurs intérêts ni leurs aspirations; détaille Me Mitra Sohrabi. J'ai vraiment espoir que cette situation cesse et aujourd'hui est un jour extrêmement important.»

À quelques pas se tient une sessions spéciale du Conseil des droits de l’Homme, sur la situation en Iran. L’occasion de faire de la sensibilisation comme nous l'explique l'ancen bâtonnier de l'Ordre des Avocats, Me Lionel Halpérin: «C'est marquer ce jour d'une pierre blanche, c'est faire passer le message au nom de nombreuses associations d'avocats que nous sommes en soutien de ces personnes. Aussi envoyer un message aux autorités iraniennes, leur dire qu'elles ne peuvent pas continuer à fonctionner comme cela avec une justice et un Etat de droit inexsitant». 

Un débat politisé

Entre les murs du palais des nations, les prises de paroles et de position s’enchaînent. L’Iran se défend, via sa représentante au Nations Unies: «La république islamique d’Iran regrette profondément que le Conseil des Droits de l’Hommes soit à nouveau en proie à des abus d’Etats arrogants... le seul but étant de contrarier un Etat membre souverain, qui plus est entièrement engagé dans la promotion et la protection des droits humains» entame-t-elle en ouverture de session. 

Les pays occidentaux s’alignent en grande majorités et condamnent les exactions, la brutalité du régime et regrette les nombreux décès depuis ces deux derniers mois. D’autres Etats comme la Chine, Cuba ou  la Syrie dénoncent eu une manipulation des droits humains à des fins politiques. Une politisation pourtant inéluctable dans les circonstances actuelles. 

«Peut-être qu'il y a un discours politique derrière la défense des droits humains. Mais ce qui doit primer c'est le respect de ceux-ci, pour tous les hommes, les femmes et tous les jeunes qui sont en train de lutter pour avoir une société démocratique» nous dit la députée Verte Diala Bayrak. 

Rassemblement peu fédérateur

Au dehors,  la place des Nations se rempli. Chants, slogans et prises de paroles se succèdent sous la chaise cassée. Plusieurs personnalités sont annoncées tout l’après-midi, Lisa Mazzone ou encore Jean Ziegler. Plusieurs élus locaux se succèdent au micro. Mais sur cette place règne une drôle d’atmosphère. Deux grands groupes se sont formés, avec une nette césure que l’on tente de gommer avec des chants fédérateurs.«Notre mission c'est d'être avec le mpeuple pour le peuple. On essaie de cohabiter en bonne intelligence, mais il y a des clivages en effet», expose la Verte Leyla Ahmari Thalegani. 

D’un côté la diaspora iranienne, des personnalités comme de citoyens lambda forment un grand mouvement apolitique. De l’autre, observées du coin de l’œil, le rassemblement en grandes pompes de l’Organisation des Moujahidins du Peuple Iranien (OMPI). Un organisme chapeauté par le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) et anciennement listée comme organisation terroriste aux Etats-Unis. Elle prône cet après-midi la démocratie et la libération des manifestants en Iran. 

«Nous ne voulons pas de roi, nous ne voulons pas de mullah... nous voulons seulement la démocratie. En ce sens, le message est très clair (...)» tente de nous expliquer la responsable communication du CNRI, Vida Amani. L’interview est interrompue par un troisième groupe de manifestants, demandant justement le retour du roi. Ambiance sur la place des Nations. Des échanges crispés ont lieu entre les groupes mobilisés.

«C’est assez tendu. Il me semble que dans d’autres pays, les gens en sont venus aux mains… espérons que cela ne se produise pas. Mais ils ne sont pas très populaires en effet» nous dit un manifestant. Finalement, pas de heurts. Difficile d’unir toutes les voix autour de la situation iranienne. Malgré tout aujourd’hui, un slogan était scandé à répétition: Femme, Vie, Liberté.