Genève

Les victimes de l’incendie des Tattes témoignent

29.11.2022 18h55 Julie Zaugg

Deuxième jour d’audience au palais de justice pour le procès sur l’incendie du foyer des Tattes, survenu en 2014. Après une première journée dédiée à l’audition de 3 prévenus sur 4, le dernier accusé a été entendu aujourd’hui.

Le quatrième prévenu entendu est le chef de la coordination sécurité incendie de l’Hospice général. Un grand homme à lunettes avec une formation de pompier, qui pèse chaque mot. On le sent à sa grande réflexion, avant de répondre aux questions. Comme pour les agents entendus hier, il lui est reproché entre autres de ne pas avoir organisé d’exercice d’évacuation.

Pourtant, il le sait, dit-il, les bâtiments concernés aux Tattes étaient les plus sensibles. Mais même après avoir écrit et réécrit plusieurs scénarios pour les soumettre aux autorités, il ne s’est rien passé. Il faut dire que c’était une grosse machine qui devait se mettre en marche pour réaliser le fameux exercice. Avoir le feu vert, prévenir la police, le SIS, les TPG, le magasin IKEA et les pétroliers de Vernier mais aussi l’Office fédéral des routes. Autant d’entités que de risque de ne jamais aboutir. 

Rien pour calmer les foules

Ce qui ressort de cette audition ce sont trois problèmes majeurs: sur la signalétique et les consignes en place dans le foyer, là on sent quand même un fort problème de communication. Car même si le prévenu détaille les affichettes qu’il crée et qu’il fait passer; peu de personnes finissent par les avoir sous les yeux. Elles sont, soit arrachées, soit peu visibles ou même jamais arrivées dans les mains des gens. 

Il y a peut-être aussi un problème dans l’appréhension du public avec lequel ces agents de sécurité et le chef sécurité incendie travaillaient, car cela a été relevé plusieurs fois: la gestion du risque de panique était quasi nulle. Rien n’a pu être fait pour calmer les foules et empêcher les défenestrations.

Enfin, on note un problème de logistique avec des travaux entrepris un an et demi avant le sinistre, justement pour améliorer la sécurité dans le bâtiment, mais jamais fini, au regret du prévenu. Ce monsieur s’est exprimé aujourd’hui durant six heures avant de céder sa place ce soir aux parties plaignantes. Nous devrions les entendre encore demain avec une témoin. Puis place au réquisitoire de la première procureur Anne-Laure Huber.