Genève

Dans les barres Honegger, le lent calvaire des locataires

08.12.2022 19h04 Julie Zaugg

Honegger La cinquième et dernière barre Honegger demeure en travaux.

La rénovation des barres Honegger, à la Jonction, suscite de plus en plus de crispations. Au début des travaux en 2018,  les locataires dénonçaient déjà une situation invivable. Après presque 4 ans, il reste encore une barre sur cinq à finir. Entre nuisances extrêmes, manque d’informations et problèmes de sécurité lors des réfections des appartements, les locataires sont à bout. 

Des cinq barres Honegger à la Jonction, il ne reste que la dernière encore emballée et entourée d’échafaudages, avenue Sainte Clotilde. Depuis le mois de mars, des travaux de rénovation, notamment énergétiques, y sont en cours. Ces travaux mandatés par l’Hospice Général, propriétaire des lieux, ont débuté en 2018 pour les premières barres, affectant dramatiquement à l’époque la condition de vie des locataires. Depuis, des mesures ont été prises, notamment de relogement lors du très gros œuvre. 

Après avoir subi pendant 6 mois des nuisances dûes aux travaux. La famille de Magali vit depuis fin septembre dans un appartement rocade. À quatre, ils ont été placés dans ce quatre pièces à l’ameublement rudimentaire.  « On ne m'a pas laissé prendre toutes mes affaires, ce que je peux comprendre car ils n'allaient pas déménager tout l'appartement. En revanche j'attendais en retour qu'il s'assurent de la sécurité de nos biens laissés sur place...» regrette la locataire. 

Immeuble ouvert aux quatre vents

Car, comme montré dans une vidéo et des photos, durant les travaux de l’été jusqu’à l’automne, les appartements avec les affaires des locataires sont restés ouverts aux quatre vents. La porte d’entrée donnant sur la rue aussi. Les fenêtres, parfois juste bâchées. Début novembre, ce qui était redouté est arrivé. Plusieurs appartements dont celui de Magali, ont été cambriolés sans signe d’effraction.

«Bien sûr, la personne de l'Hospice nous avait dit qu'il n'y avait pas de problème, qu'il avait plus de 600 déménagements à son actif, sans jamais de soucis à part des petits vols d'outils dans les appartements... mais à ce qu'il parait, il y en avait déjà eu avant. Ils ont pris ça très à la légère et aujourd'hui nous sommes lésés dans cette histoire» dénonce Grégory Novikoff, le compagnon de Magali. Une plainte a été déposée auprès de la Police. Une enquête de chantier pourrait s’ouvrir prochainement.  

Plainte déposée est ASLOCA saisie

Dans une autre allée du même immeuble, Fabienne Nasri-Marsura aussi a connu le même sort, avec moins de dégâts. En réintégrant son appartement récemment, Un aspirateur tout neuf manquait dans sa chambre. «J'ai dû appeler la personne responsable de l'Hospice, qui m'a dit d'appeler la régie, qui m'a dit d'appeler les architectes...». Des interlocuteurs qui se renvoient la balle et des travaux de rénovation qui laissent à désirer, voire dangereux, autant d’éléments qui poussent aujourd’hui Fabienne comme Magali à prendre la parole. «On ne se sent vraiment pas écoutés!» dénoncent-elles. 

Saisie par plus de 70 personnes, l’association de défense des locataires (ASLOCA) est en dialogue avec l’Hospice Général pour indemniser au mieux les locataires lésés par les travaux. « Le problème c'est d'arriver à trouver un accord qui puisse satisfaire tout le monde, au plus près de ce que les locataires ont vécu. Donc on va discuter d'un certain modèle pour les premières barres, qui ont subi un gros préjudice, puis ce modèle nous allons le faire évoluer pour les barres qui suivent», détaille l'avocat de l'ASLOCA en charge du dossier, Me Christian Dandrès. 

Quant aux hausses de loyer annoncées, les montants demeurent flous. Entre 50 et 500CHF selon la surface et le type de bail. Contactée, l’Hospice Général a refusé notre demande d’interview. Les régies des immeubles étant liées avec leur mandant, elles n’ont pas non plus donné suite. Magali et sa famille vont réintégrer leur logement au 14 décembre, du moins si tout va bien car des punaises de lit ont fait leur apparition dans son allée. Aujourd'hui, les quelques 1000 locataires des 450 logements attendent des réponses et surtout des indemnités.