Genève

Le procès du braquage UBS de Cornavin a commencé

14.12.2022 19h27 Julie Zaugg

Les faits remontent à 2013. Il s'agit d'une prise d'otages de la famille d'un employé UBS en vue d'un braquage. Les faits, tels que relatés par l'acte d'accusation, sont dignes d'un film. 

Nous avons cinq hommes prévenus de prise d’otages, extorsion et chantage, avec l’un d’eux qui ressort comme le cerveau de ce braquage. L’acte d’accusation nous replonge en 2013, l’instigateur présumé du braquage aurait d’abord élaboré un plan pendant presque deux ans pour attaquer la banque UBS de Cornavin. Pour ce faire, il cible l’un des employés ayant accès aux coffres. Se serait ensuite renseignée sur lui et organisée la prise d’otages de ses proches.

Aidé de complices, il aurait pénétré dans l’appartement de la famille de l’employé UBS en se faisant passer pour des policiers. La famille a été ligotée, menacée et braquée avec une arme. Ça c’est un fait. Puis une photo de la scène a été prise. Photo qui a ensuite servi à faire chanter l’employé de banque.

L’organisateur du braquage serait parti le trouver devant l’UBS Cornavin, lui aurait montré la photo et donné des sacs pour les remplir de billets. L’employé a l’époque s’exécute. Les malfrats repartent avec 1'249'000 francs.

La suite est aussi rocambolesque, l’organisateur principal du braquage aurait pris la fuite et quitté le pays en grande pompe, grâce à un complice. D’abord en voiture avec chauffeur jusqu’à Prangins. Là-bas il saute dans un hélicoptère pour Cointrin. Pourquoi ce retour en arrière? C’est la seule façon d’atterrir directement sur le tarmac de Geneve aéroport et prendre un avion privé, comme s’il était une célébrité, en évitant tous les contrôles de douanes ou de police. Sa destination est alors Marrakech. L’homme âgé a l’époque de 24 ans a passé ensuite 2 à 3 ans au Maroc avant d’être arrêté.

Le cerveau de l'affaire

Cet homme était incarcéré en 2011 pour actes préparatoires à un brigandage… celui de l’UBS Cornavin justement, qu’il avait dans le viseur, mais ce coup-là en 2013, ce n’est pas lui dit-il. Il avait pourtant aussi identifié le même employé de banque comme cible potentielle. A différence qu’il n’aurait pas procédé comme cela pour la suite des événements, disait-il. Comment alors, peut-il être en possession d’un plan de la banque UBS Cornavin, chez lui? Il justifie de la sorte: à la même période que lui, un homme était incarcéré à son Etage à champ Dollon pour avoir justement braqué cette même banque. «Il l’avait dans son dossier en prison, je l’ai obtenu de la sorte, une aubaine pour avoir des informations». Avant de ranger le plan dans ses affaires et l’oublier complètement. «Quand je sors de prison fin 2012 ce n’est plus un projet de toute manière, je n’y pense même plus et le document reste là dans un coin» a-t-il expliqué.

Par contre lorsque la prise d’otages et le brigandage a lieu, il dit l’apprendre par voie de presse et tout de suite paniquer. Évidemment le lien pourrait être vite fait avec lui. C’est le cas, il sera rapidement dépeint dans la presse comme l’auteur des faits. C’est pour cette raison qu’il a pris la fuite, pour se sauver, en mettant les grands moyens, grâce à une tierce personne prévenue elle aussi. Il fuit quitte à se séparer physiquement de sa famille. Mais il est catégorique, il n’est pas à l’origine de ce braquage, n’y a pas participé et n’a en conséquence pas le butin. Il n’en démord pas, ce jour-là au moment des faits, il était soit au restaurant aux Pâquis soit à son appartement.

Son audition s’est terminée peu avant 18h ce soir. Place, ce jeudi, aux autres prévenus avant le réquisitoire de la procureure.