«Dépassé, le fonctionnement de la Pci doit être restructuré»
La Cour des comptes recommande au dispositif cantonal de la protection civile (PCi) de redéfinir ses missions et les moyens nécessaires pour les remplir. Il en va de son efficacité alors que les risques pour la population changent et que les effectifs de la PCi diminuent.
Initialement prévue pour protéger la population en cas de guerre, la PCi a été un peu délaissée à la fin de la guerre froide. "La pandémie a rebattu les cartes", a relevé jeudi devant les médias Sophie Forster Carbonnier, magistrate à la Cour des comptes, lors de la présentation de l'audit de performance. Celui-ci fait suite à plusieurs communications de citoyens s'inquiétant de dysfonctionnements.
Le dispositif genevois de PCi compte douze organisations: huit organisations régionales, trois organisations communales et une organisation cantonale. Il est supervisé par le service de la protection civile et des affaires militaires (SPCAM). Une réforme lancée en 2011 par le canton vise à réduire le nombre d'organisations régionales, mais elle a pris du retard.
«Trois ou quatre offices de protection civile à Genève serait largement suffisants»
Le président du Conseil d'Etat genevois Mauro Poggia accepte les conclusions du rapport de la Cour des comptes: «Ce rapport devrait nous aidé à être encore plus percutant [...] trois ou quatre offices de protection civile à Genève serait largement suffisants».
Avec la réduction des effectifs qui prévoit que le personnel de la PCi passe de 3600 à 1600 d’ici 2027, Mauro Poggia estime que le système actuel aboutit sur «un problème de gouvernance». Il souligne l'importance de «garder un pilotage»: «Il est difficile avec 45 interlocuteurs (ndlr: les communes) d’arriver à des solutions».
Le conseiller d'Etat rappelle que dans ce dossier, ce ne sont pas les finances qui posent problème et met en garde: «Si les communes ne se mettent pas d’accord en raison d’intérêts divergents entre elles, il faudra passer à la vitesse supérieure, et c’est le Grand Conseil qui devra trancher.»
Besoins à identifier
La pandémie de Covid-19 a montré la capacité de mobilisation de la PCi qui a effectué près de 52'000 jours de services en 2020, contre environ 15'000 en moyenne par an en 2018 et 2019. Le dispositif a majoritairement répondu aux attentes, estime la Cour qui recommande toutefois à la PCi d'identifier clairement les besoins de ses partenaires - police, pompiers, santé publique, autorités - pour définir ses prestations.
Afin de mesurer la qualité des interventions, la Cour préconise la mise en place de données sur les délais de quittance d'alarme, le taux de mobilisation ou encore de rotation. Pour l'heure, les retours d'expérience sont incomplets. Un meilleur pilotage du dispositif passe aussi par une homogénéisation des processus d'engagement du personnel, de gestion du matériel et des abris, avec des outils informatiques plus performants.
Réduction des effectifs
"Les quatre recommandations émises par la Cour des comptes, qui ont été acceptées par le canton, s'inscrivent dans le processus de réforme du dispositif de la PCi", a souligné Mme Forster Carbonnier. Un avis partagé par le SPCAM. "La réforme doit être mise en place afin de rendre le dispositif plus efficient", a commenté son chef Nicola Squillaci.
Et le commandant de préciser que des variantes ont été présentées à l'Association des communes genevoises en 2019, mais que la pandémie a stoppé une réforme jugée non prioritaire par rapport à celle des pompiers. "La question de la gouvernance est ce qui bloque", a-t-il relevé. Or les risques internationaux changent, et la modification de la législation fédérale a pour effet une importante réduction des effectifs de la PCi.