Genève

«C'est toujours les salaires les plus bas qui sont touchés»

15.12.2022 19h55 Gilles Miélot, Delphine Palma

salaire

Le Parlement a accepté hier une motion qui donne la priorité aux conventions collectives de travail sur les dispositions cantonales. Le salaire minimum instauré à Genève il y a deux ans est en danger de disparition. Les salariés dans la coiffure, le nettoyage et l’hôtellerie-restauration pourraient perdre 1000 francs par mois.

23 francs 27 de l’heure. C’est ce que touche aujourd’hui au minimum un salarié genevois. Pour la majorité du Parlement fédéral, ce cadre doit disparaitre au profit des conventions collectives, souvent moins généreuses. Dans la restauration, notamment, les salariés pourraient perdre plusieurs centaines de francs par mois.« Ce sont toujours les salaires les plus bas qui sont touchés », réagit Rafael, serveur au restaurant le Chat Rouge.

Au restaurant de la Mère Royaume, institution genevoise incontournable, la patronne a déjà tranché. Elle ne tiendra pas compte de cette nouvelle disposition. « Ça ne changera rien pour moi, je paie déjà mes employés au-dessus du salaire minimum », tranche Loumé Rashiti.

Dans les salons de coiffure, la nouvelle est trop fraîche et trop sensible pour susciter de nombreuses réactions. Certains coiffeurs perdront jusqu’à 1000 francs par mois. Une apprentie qui rentre sur le marché gagnera autant qu’une coiffeuse expérimentée. Mais pour cette patronne, baisser certains salaires, ne serait pas si mal venu. « «Un coiffeur qui n’a pas de clientèle, on ne peut pas le payer au montant minimum. Les charges sont très chères, les impôts, les assurances aussi. » 

Retour aux CCT

La suppression du salaire minimum, seulement en vigueur dans quelques cantons, vise à renforcer le partenariat social selon le Parlement. Un argument illusoire balaie Helena Verissimo de Freitas d’Unia. « On voit comme sont difficiles les négociations salariales sur le renchérissement. On va continuer de se battre pour des meilleurs salaires, mais avec une CCT, la marge de manoeuvre est moins grande. » 

Pour les syndicats ces baisses de salaire dans des secteurs parmi les moins bien rémunérés risque aussi de créer des pénuries de personnel dans des métiers déjà sous tension. C’est le contraire rétorque les milieux patronaux. « On a besoin de coiffeurs, de restaurants, d’hôtels,  de nettoyeurs » énumère le patron de la FER. « La pénurie ne va pas faire diminuer les salaires, on contraire elle les fera augmenter. C’est la loi de l’offre et de la demande. »

Les dés ne sont pas jetés

La mise en application n’est cependant pas totalement actée. Un projet de loi doit émerger ces prochains mois des réflexions du Conseil fédéral, puis repasser par le Parlement. Enfin un référendum sur ce sujet est fortement possible.