Genève

Le Grand Conseil vote un budget 2023 déficitaire de 500 millions

16.12.2022 19h16 Rédaction / ATS

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Le Grand Conseil genevois a voté vendredi, au terme de deux jours de débat, le budget de l'Etat 2023 qui affiche un déficit proche du demi-milliard de francs. Les fonctionnaires conservent leur annuité et obtiennent une indexation partielle des salaires de 2,44%.

Ce budget est passé par 52 voix contre 44 et 2 abstentions. Le scrutin s'est donc joué à une voix près, car à Genève il faut au minimum 51 voix pour voter un exercice déficitaire. Le budget accepté présente un déficit de 476,4 millions pour des charges de 9,98 milliards et des revenus de 9,50 milliards. Les investissements nets atteignent à 669,5 millions.

La courte majorité composée de la gauche et du MCG a tenu tout au long des débats. Ces partis avaient trouvé un compromis en amont, court-circuitant au passage un accord entre le gouvernement et les associations du personnel. Cette stratégie a exaspéré la conseillère d'Etat Nathalie Fontanet, qui a dénoncé un "coup de poignard au partenariat social".

La marge de manoeuvre était donc quasiment nulle en plénière. La majorité a ainsi décidé de verser l'annuité sans condition, d'indexer les salaires tout en supprimant 50 des 488 nouveaux postes demandés par le Conseil d'Etat. Autre élément de ce compromis: des moyens supplémentaires notamment pour l'enseignement spécialisé et les personnes âgées.

Vifs débats

Chaque politique publique a été passée au crible pendant ces deux jours de débats. Les esprits se sont échauffés autour de la fiscalité. Le socialiste Sylvain Thévoz a appelé à taxer davantage les grandes entreprises et les plus riches, ce qui a fait tiquer le PLR Cyril Aellen. L'élu PLR a dénoncé cette "politique du parasite".

La mobilité a aussi suscité de vives critiques, en particulier de la part l'UDC et du MCG qui ont fustigé les options en faveur de la mobilité douce prises pendant cette législature par le conseiller d'Etat Serge Dal Busco. Mais au final, toutes les politiques publiques ont été acceptées.

"Fuite en avant"

Pour rappel, le canton avait fonctionné en 2022 sur la base des douzièmes provisoires, faute de majorité sur un projet de budget. Le Grand Conseil avait en effet refusé l'entrée en matière. Pour la gauche et le MCG, il était impensable de revivre cette situation qui empêche de lancer des projets à moyen et à long terme.

La droite partageait cette analyse, mais a refusé de voter un budget "à tout prix". La perspective d'un déficit proche du demi-milliard n'a pas passé. "A Genève, la sobriété n'est pas de mise", s'est insurgé le PLR Yvan Zweifel qui a dénoncé la "folie dépensière" du canton. Dans la même ligne, l'UDC a critiqué une "fuite en avant continue".

Comptes positifs

Le PLR et le PDC ont déposé plusieurs dizaines d'amendements pour tenter de réduire le déficit plus près de la limite autorisée dans la loi sur la gestion administrative et financière de l'Etat fixé à 302,3 millions. Mais la quasi-totalité des modifications ont été refusées les unes après les autres par la majorité.

Il y a certes un déficit, mais on sait que les comptes seront positifs grâce aux revenus toujours sous-estimés, a relevé le socialiste Thomas Wenger. Son parti se réjouit que ce budget puisse répondre aux besoins sociaux de la population alors que les Verts estiment qu'il permet d'accompagner la transition écologique.