Genève

Uber Files: «À court terme, Uber a réussi à s'imposer avec son lobbying»

09.01.2023 19h51 Rédaction

Sylvain Besson

Comment Uber a pu conquérir la Suisse, ce sont les suites de l’affaire «Uber Files». Une énorme fuite provoquée par un ancien haut cadre de l’entreprise californienne qui a remis à la presse pas moins de 120’000 documents internes.

Un consortium international de journalistes écrit sur la question depuis plusieurs mois. Un sujet qui concerne aussi la Suisse et Genève. Ayant eu accès à ces «Uber Files» Sylvain Besson, journaliste d'investigation à Tamedia, révèle: «Uber a commencé à travailler à Genève sans autorisation, donc de manière illégale». Dans un modèle économique précis, l'entreprise a souvent conclu qu'elle devait se lancer et attaquer le marché même si la législation l'interdisait, précise le journaliste.

«À court terme, Uber a réussi à s'imposer avec son lobbying et son accord tacite avec Pierre Maudet» – Sylvain Besson

Pour se maintenir en activité en dépit de l'illégalité, Uber utilise deux systèmes, à savoir les recours juridiques qui prolongent le statu quo et le lobbying. Deux méthodes payantes, explique Sylvain Besson. Dans ses articles, le journaliste a récemment mis en lumière la responsabilité d'une personnalité dans cette affaire: le candidat au Conseil d'Etat Pierre Maudet. 

Alors à la tête du Département de l'économie, Pierre Maudet aurait passé une sorte «d'accord tacite» avec Uber leur permettant ainsi de continuer à opérer. Un accord qui impliquerait que Pierre Maudet est le seul fautif de l'introduction d'Uber en Suisse? Pas selon le journaliste de Tamedia qui souligne que l'entreprise californienne a également eu des problèmes dans d'autres cantons suisses pour exercer. Sylvain Besson mentionne toutefois Genève comme une exception Romande: «Le canton de Genève est le seul à détenir une loi spécifique sur les taxis. On voit dans les données, que les dirigeants d'Uber ont passé un temps incroyable à essayer de s'imposer à Genève, par rapport à la taille de la ville», constate-t-il.

Recours déposé contre l’accord conclu entre l’État de Genève et Uber 

Atteint en fin d'année passée, l'accord trouvé est contesté par le milieu des taxis et leur avocat, Me Roulet. L'accord prévoit la poursuite des activités d’Uber contre le versement de 35 millions d’arriérés de charges sociales et la mise en conformité du géant californien. De leur côté, les services de Fabienne Fischer, ministre en charge du dossier, indiquent à nos collègues de 20 Minutes que ce recours serait irrecevable en précisant: «Seule la partie visée peut recourir, en l’occurrence Uber».