Genève

Affaire des promoteurs: «je veux juste récupérer mon argent!»

11.01.2023 16h52 Julie Zaugg

affaire promoteurs

La détresse financière et psychologique. Voici les conséquences de l’affaire dite des promoteurs. Un ancien courtier en immobilier lésé dans ce dossier s'exprime aujourd'hui. Il a fait de cette affaire son combat personnel et presse la justice pour récupérer son argent. 

C’est avec beaucoup d’amertume que Robert revient dans ce quartier d’Onex. Courtier en immobilier, il travaille il y a une dizaine d'années pour la société des promoteurs. Il apporte des biens et des parcelles pour un montant de plusieurs millions de francs. «En ce qui me concerne, je leur ai amené 65 biens. Des appartements de 3 à 5 pièces. Ma créance s'élève aujourd'hui à 860 000 francs» expose Robert Genoud. 

Ce montant de 860 000 francs correspond à la commission que devrait la société immobilière à Robert Genoud. Mais il ne verra jamais la couleur de cet argent. Auparavant motivé et fier d’exercer son métier, il se dit aujourd’hui dégouté. Son train de vie a bien changé. Il a dû déménager en France voisine avec sa famille, qui se bat depuis.

«Ca c'est le résultat d'un combat que l'on mène depuis 10 ans; nous dit l'épouse de Robert, Nicole, en montrant la pile de classeurs et de documents sur la table du salon. Un combat pour récupérer le fruit du travail de mon mari, et puis toutes les conséquences négatives que cela engendre: les expulsions, les poursuites...»

Détresse psychologique et lenteur de la justice

L’impact touche à l’aspect professionnel mais surtout personnel pour le couple. Psychologiquement, la situation est très difficile, des certificats médicaux attestent d’une grande détresse. Eux, se disent détruits et regrettent la lenteur de la justice genevoise. « J'ai une haine monstrueuse, que je ne montre pas. Certes nous sommes dans un appartement qui est joli, mais ce n'est pas chez moi, en Suisse», déplore Robert Genoud. 

Le courtier connait bien l’un des deux promoteurs, ce dernier l’aurait même incité à brûler les conventions signées pour les acquisitions de biens. Mais il les a toutes conservées précieusement. Sauf que le cas de Robert n’est pas du ressort pénal: l’argent revendiqué relève de prétentions civiles. Son avocat lui assure à l’époque que la somme lui est dûe. Il n’a pas porté plainte et, sur conseil, a produit cette créance via un concordat. 

Deux cas de figure 

Car dans cette affaire, on a une longue liste de personnes constituées parties plaignantes. Il s’agit d'individus ayant versé un acompte pour acquérir l’un des biens proposé par les promoteurs. Elles ont porté plainte contre eux pour escroquerie. 

Mais d’autres, comme Robert et Nicole, s’estiment lésés dans cette affaire. Via des contrats ou des commissions non honorés par exemple. Ces personnes ou entreprises se sont manifestées il y a quelques années et on rejoint un concordat. Une procédure de paiement concernant majoritairement des entreprises face à plusieurs créanciers. Ces créanciers se sont annoncés avec leurs montants auprès du liquidateur de l'entreprise des promoteurs: une étude d’avocats spécialisés, agissant indépendamment. 

Les parties plaignantes sont aujourd’hui assurées d’être remboursées : les prévenus ont accepté de leur restituer les montants et des liquidités à hauteur de près de 15 millions de francs ont été bloquées par le Ministère Public. Pour les membres du concordat en revanche, c’est l’incertitude. Robert et Nicole n’en peuvent plus. 

Plus rien a perdre 

«C'est inimaginable mais aussi inhumain. Je n'ai plus rien à perdre, je veux juste récupérer mon argent et puis changer de vie», nous dit Robert. Et son épouse de poursuivre: «on ne voit pas pourquoi, nous, on ne pourrait pas vivre normalement...» 

L’étape à suivre, c’est la publication des créances qui ont été admises ou rejetées, après analyse. D’après nos informations l’étude de tous les cas touche à sa fin ; mais le délai pour cette annonce reste très aléatoire. Il dépendra de la procédure pénale et des décisions à venir de la Cour. Cela pourrait prendre encore de longs mois.