Inclure et donner une voix aux personnes autistes
L’autisme est un trouble qui touche de nombreuses personnes dans notre société. En Suisse, son diagnostic est compliqué et sa prise en charge l’est encore plus. Ce samedi, les deux plus grands experts en la matière étaient à Genève pour une donner une conférence.
Près de 300 personnes se sont réunies ce samedi au Centre International de Conférences. Sur scène, deux des plus grands spécialistes du monde en matière d’autisme: Michelle Garnett et Tony Attwood. L’occasion de faire le point sur la compréhension de ce trouble neurodéveloppemental dans notre société. Verdict, le chemin est encore long… «Il faudrait former le monde entier! Cela passe par les enseignants, les psychologues, psychiatriques, les employeurs! Les administrations gouvernementales mais aussi les familles», énumère le psychologue brittanique.
Les personnes sur le spectre de l’autisme ont tendance à se sur-adapter à leur environnement, déplore le psychologue, alors que c’est à la société de mieux comprendre leurs besoins et mettre en place des aménagements. Là aussi, les réticences et les clichés font obstacle.
«Prendre en compte des besoins pour nous donner la possibilité de travailler, parfois ce sont des choses comme porter un casque anti-bruit ou baisser un petit peu la lumière, détaille Caroline Levy, mais même cela, c'est mal vu par les entreprises, malheureusement cela nous limite énormément». Diagnostiquée sur le tard, à 34 ans, la jeune femme regrette aussi le validisme très présent dans notre environnement.
Vers une meilleure inclusion
Organisatrice de la conférence, l’association Autisme Genève fait état d’un immense décalage sur la compréhension de ce trouble. «On a 20 ans de retard!» résume Elvira David-Coppex, directrice d'Autisme Genève et mère de deux enfants TSA. Mais aussi et surtout d’un manque de moyen pour prendre en charge les personnes présentant un trouble autistique, ce dès l’enfance.
«Aussi pour que les enfants soient inclus tous à l'école. Car ça commence par là! S'ils font leur scolarité dans une classe, avec les accompagnements adaptés, alors les autres enfants comprennent mieux les bizarreries, certains comportements, qu'ils cotoient au quotidien. On pourrait alors avoir une société qui comprenne beaucoup mieux les personnes autistes de tout âge», explique-t-elle.
Autre aspect à renforcer, la cohésion et la collaboration avec le noyau dur d’une personne dite TSA: sa famille. «Il est grand temps que les professionnels prennent les parents pour des partenaires», martèle Florence Cimasoni, mère d'un enfant autiste et assistante sociale pour Autisme Genève.
Renforcer les liens, inclure et donner une voix aux personnes concernées par l’autisme, tels seront les grands défi à venir. Aujourd’hui, près de 2% de la population est concernée par un trouble autistique.