Genève

Inquiétude à l'Université près de deux ans après l'exclusion d'Horizon Europe

16.01.2023 15h56 Pablo Sanchez

Unige

Il y a près de deux ans, la Suisse était exclue du programme Horizon Europe suite à l’arrêt des négociations de l'accord-cadre entre le Conseil fédéral et l'Union européenne. À l’Université de Genève, comme dans d’autres universités suisses, les premières conséquences se font sentir. Le Recteur Yves Flückiger se dit très inquiet de la situation. Selon lui, la sortie du programme met en danger l’attractivité et la compétitivité de l’institution.

Derrière les murs d’Uni Mail, la lente érosion de la recherche genevoise. Près de deux après l’exclusion de la Suisse du programme Horizon Europe, l’Université de Genève constate les premiers effets négatifs. «Nous sommes très inquiets. Dans les programmes antérieurs, l’Université de Genève avait reçu 49 bourses ERC, qui sont des bourses d’excellence pour les chercheurs. Ça représentait 25 millions de francs suisses», explique le Recteur Yves Flückiger.

L’Université fragilisée

Au-delà du financement, l’Université est fragilisée sur le marché européen. Plusieurs chercheurs ont déjà reçu des propositions de l’étranger. «On sent cette pression, cette volonté d’aller chercher nos meilleurs chercheurs et on perd la capacité aussi d’attirer en Suisse des personnes qui ont fait notre Université et l’excellence de sa recherche», déplore le recteur. 

Horizon Europe, c’est un programme sur sept ans, de début 2021 à fin 2027. Sa force principale: un financement de presque 100 millards d’euros pour la recherche européenne. Après l’arrêt des négociations de l'accord-cadre en mai 2021, l’Union européenne a exclu la Suisse du programme.

Inquiétude politique

Dans le monde politique, la situation inquiète certains partis. Pour le Conseiller national écologiste Nicolas Walder, l’affaire dépasse l’Université: «C’est un risque pour l’économie suisse de manquer de talents. Les talents qui travaillent sur des projets de recherche en Suisse continuent souvent leur carrière ici.»

René Schwok, professeur en relations internationales à l’UNIGE, s’est engagé en politique suite à l’abandon des négociations avec l’Union européenne. Il pointe du doigt le manque de compétitivité des universités suisses. «Ce qui nous manque, c’est la stimulation, explique le professeur, désormais candidat Vert'libéral au Grand Conseil. C’est comme au football, si on joue qu’entre équipes suisses on a plus de chances de gagner, mais on n'a pas la stimulation et ce n’est pas aussi gratifiant que de jouer au niveau européen.» 

A l’UDC, on regrette l’exclusion de la Suisse du programme, mais pas question de céder aux pressions européennes. «On doit compter sur le Conseil fédéral pour soutenir les chercheurs qui viennent en Suisse. Maintenant, on ne peut pas céder à la pression de l’Union européenne sur des accords institutionnels en relation avec Horizon Europe», soutient Céline Amaudruz, Conseillère nationale UDC.

Les négociations au point mort

Le Conseil fédéral a effectivement débloqué des fonds pour aider les universités suisses. Mais sur le long terme, cet effort ne suffira pas selon Yves Flückiger: «L’adhésion au programme Horizon Europe reste notre objectif prioritaire, et doit être aussi l’objectif prioritaire de la Confédération.»

Pour l’instant, les négociations sont au point mort avec l’Union Européenne. Un projet de financement supplémentaire pour les universités est en discussion au Conseil des Etats.