Genève

Les chauffeurs en quête de leurs données Uber

24.01.2023 18h46 Lucie Hainaut

uber uber

Suite de la saga Uber, les chauffeurs ont jusqu’à la fin du mois pour accepter ou refuser l’offre de l’entreprise de transport. Certains s’attellent à récupérer des années de données pour vérifier si le deal d’Uber tient la route. Un véritable parcours du combattant, comme l’a écrit Le Courrier. Une permanence les aide à collecter et analyser ces informations. 

Paul-Olivier Dehaye accompagne et conseille les chauffeurs Uber: ils peuvent demander à l’entreprise leurs données personnelles au nom du RGPD, le règlement général sur la protection des données: «Uber ne peut pas refuser sans s’exposer à des amendes considérables dues au RGPD. Donc ce n’est plus juste une demande polie, c’est vraiment une exigence légale. Et à partir de là on peut calculer plein de choses: le temps de travail suivant les différents états, si le chauffeur est en attente, en course, ou en approche d’un client. Et puis aussi calculer les kilomètres, ce qui peut être pertinent pour estimer les frais du chauffeur» explique le mathématicien.

Une estimation cinq fois plus élevée qu'Uber

Le but: vérifier que la somme proposée par Uber corresponde au travail effectué. L’entreprise a calculé des indemnités pour les salaires et les frais en fonction des kilomètres parcourus. Elle a fait une proposition chiffrée à chacun. Mais avec certains chauffeurs, le spécialiste des données arrive à une estimation cinq fois plus élevée que l’offre faite par la multinationale. À la permanence, beaucoup se sentent foulés, et envisagent une procédure aux prud’hommes. Le temps presse pour les chauffeurs: ils ont jusqu’au 31 janvier pour décider s’ils acceptent ou non l’offre d’Uber. Plusieurs options s’offrent à eux: «ils peuvent accepter l’offre si elle leur convient. Ils peuvent s’adresser à l’OCIRT s’ils ont des doutes quant aux chiffres qu’ils ont reçus de la part d’Uber et les rectifier. Si tout cela ne marche pas, ils peuvent aller aux prud’hommes. La procédure est très longue, et elle sera contestée par Uber» détaille Helena Verissimo de Freitas, secrétaire régionale adjointe à Unia Genève.

Les données pour éclairer l’économie numérique

Au-delà du cas Uber, Paul-Olivier Dehaye souhaite militer pour une meilleure utilisation des données numériques: «On espère que nos démarches vont activer d’autres acteurs de la société civile, parce que cette récupération des données c’est une nouvelle méthodologie qui permet d’éclairer l’économie numérique autour des données personnelles» défend le spécialiste des données. 

Le service est gratuit pour les chauffeurs: Digipower Academy a obtenu des financements du Fonds pionnier Migros.