Genève

La gauche se méfie de l'initiative pour un congé parental de 24 semaines

30.01.2023 18h16 Julie Zaugg

congé parental

Le Grand Conseil genevois est favorable à un congé parental de 24 semaines. L’initiative constitutionnelle des Vert’Liberaux a été acceptée jeudi passé. Elle propose d’ajouter 8 semaines aux seize de congé maternité. Elles seraient financées par une hausse des cotisations paritaires. Mais la gauche s’oppose à l’initiative, jugée trompeuse.

Une esbrouffe, voilà comment une majeure partie de la gauche qualifie l’initiative des Vert'libéraux. 

«Il y a un décalage entre le titre et le contenu de cette inititiative, qui est indéfendabe et trompeur. Elle s'intitule "pour un congé parental maintenant" alors que de l'aveu même des initiants, il s'agit juste de l'établissement d'un financement pour un congé parental», soulève Jocelyne Haller, députée Ensemble à Gauche. 

Aujourd’hui à Genève, on a 16 semaines pour le congé maternité et 2 semaines pour le congé paternité. L’initiative souhaite rajouter 6 semaines au parent ne bénéficiant pas de l’assurance maternité avec deux semaines de plus, échangeables entre les deux parents. Avec cette initiative, il n’est en effet pas question d’inscrire dans la loi un droit au congé parental à proprement parler, mais Manuelle Pernoud se défend de toute tromperie sur la marchandise.

«La seule façon d'obtenir un congé parental à Genève, c'est de le faire par la voie juridique que nous avons choisi: un financement obligatoire et non un congé obligatoire. C'est la voie la plus sûre que nous ayons pu choisir, donc ce n'est pas de l'esbrouffe bien au contraire!» justifie la co-initiante. 

La crainte de la désillusion

Ce financement se ferait via les cotisations paritaires, employé/employeur. Mais toutes les entreprises suivront-elles le mouvement en proposant ensuite ce congé aux futurs parents ?Manuelle Pernoud en est convaincue: «Qui finance éviemment voudra l'appliquer. Et puis ce sera un argument marketing pour attirer la main d'oeuvre» estime-t-elle. À gauche, on remet en doute cet aspect. «Les employeurs pourraient avoir des difficultés à organiser des remplacements ou ne pas vouloir mettre en péril l'équilibre de leur entreprise... et ainsi ne pas l'accorder!» plaide la députée Jocelyne Haller. 

Autre crainte soulevée avec cette répartitions des semaines de congés : celle d’un affaiblissement du congé maternité. «Mais pourquoi du côté de nos adversaires, part-on toujours du principe que c'est la femme qui va être lésée? Pourquoi ce ne serait pas l'homme qui transfèrerait deux semaines? Je ne comprends pas ce raisonnement!» s'insurge Manuelle Pernoud. Et Jocelyne Haller de rétorquer que «dans la réalité des rapports de genre dans certains couples ou dans les rapports de travail, ça n'est pas possible: c'est fragiliser une personne qui avait un droit aquis. Remettre cet acquis en question, c'est ça qui n'est pas acceptable». 

Avec un congé parental de 24 semaines, Genève deviendrait pionnier en la matière. C’est au peuple que reviendra le dernier mot.