Genève

Opération Papyrus : une libération, mais aussi une désillusion

31.01.2023 10h42

Opération Papyrus : une libération, mais aussi une désillusion

L'opération Papyrus a permis de régulariser à Genève plus de 2000 personnes sans-papiers qui vivaient cachées et dans la peur de se faire arrêter et renvoyer (image d'illustration).

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

A Genève, l'opération Papyrus de régularisation de sans-papiers a permis aux personnes qui en ont bénéficié de sortir de l'ombre et de se déplacer sans peur. En revanche, globalement, elle ne les a pas extraites de leur statut de travailleurs pauvres, relève Claudine Burton-Jeangros, co-autrice de l'étude Parchemins, qui a mesuré les effets de la normalisation sur les anciens clandestins.

Les personnes qui ont été régularisées 'ont vécu une libération', souligne Mme Burton-Jeangros dans une interview publiée mardi par la Tribune de Genève. 'Elles se sentaient en prison en Suisse, sans-papiers parfois depuis dix, quinze, vingt ans pour envoyer de l'argent à la famille restée au pays'. Avec la régularisation, certaines ont pu voyager et revoir leurs enfants.

L'opération Papyrus a également permis aux personnes concernées d'avoir accès au système de santé. 'On note une nette augmentation de l'affiliation à l'assurance maladie obligatoire', indique Mme Burton-Jeangros. De l'avis de ces gens qui ont vécu caché, 'c'est un soulagement pour eux de pouvoir se soigner quand ils en ont besoin'.

L'opération Papyrus n'a toutefois pas donné, globalement, l'opportunité aux personnes régularisées de changer de travail. 'Elles sont restées dans les mêmes secteurs, principalement l'économie domestique, la construction ou la restauration', constate Mme Burton-Jeangros. 'C'est leur principale désillusion'.

L'obstacle de l'âge

Les deux tiers des personnes interrogées dans le cadre de l'étude Parchemins ont un niveau de diplôme professionnel ou universitaire et souhaitent travailler en adéquation avec leur formation. Pour prétendre à Papyrus, il fallait cependant être en Suisse depuis longtemps. L'âge moyen des bénéficiaires est de 44 ans.

'C'est un âge où la concurrence sur le marché de l'emploi est très dure', constate Mme Burton-Jeangros. Après une longue période de vie clandestine, ces personnes ne peuvent faire valoir une expérience professionnelle. 'S'ajoute le peu de reconnaissance des diplômes obtenus dans leur pays'.

L'étude Parchemins, lancée en 2017, portait à ses débuts sur un échantillon de 460 personnes. A son terme, en 2022, celui-ci s'est réduit à 260. Certaines personnes sont retournées dans leur pays, d'autres n'ont plus voulu y participer.

A Genève, l'opération de régularisation des sans-papiers Papyrus a permis de faire sortir de l'ombre 2390 personnes entre février 2017 et décembre 2018.

/ATS