Genève

«La Ville a perdu la main sur l’exploitation des bâtiments du Grand-Théâtre»

02.02.2023 18h19 Denis PALMA

rédaction

La Ville de Genève a perdu la main sur l’exploitation des bâtiments du Grand Théâtre dénonce le groupe UDC du Conseil municipal. Le parti s’appuie sur un changement dans la convention qui lie la municipalité avec l’institution Lyrique. Le département de la culture, justifie cette modification par la nécessité d’apporter de la clarté en matière de gouvernance comme l’a préconisé la cour des comptes.

«Je ne comprends pas pourquoi le Conseil administratif a décidé de s’interdire l’utilisation des locaux»

Vincent Schaller, président UDC en Ville de Genève, regarde le Grand théâtre avec fierté mais aussi avec une certaine colère depuis qu’il a appris que la ville n’était plus maître dans sa propre demeure. Car depuis 2020, c’est le grand théâtre seul qui décide qui peut s’y produire. Une aberration, dit-il. «Cela me choque car la Ville en tant que propriétaire doit pouvoir utiliser, en consultant la fondation du Grand Théâtre, les locaux à sa convenance. Je ne comprends pas pourquoi le Conseil administratif a décidé de s’interdire l’utilisation des locaux sans l’accord express du directeur de l’institution lyrique», s’interroge Vincent Schaller. 

Il faut mieux occuper les lieux durant toute l’année

Reprendre la main sur le bâtiment peut, dit Vincent Schaller, aider le Grand Théâtre à mieux occuper les lieux durant toute l’année. «Ces dernières années, le Grand Théâtre présente régulièrement des déficits de fonctionnement de 3 millions de francs par année. Il serait donc bien venu que l’on organise des réceptions et des spectacles qui permettent au final d’équilibrer les comptes de l’institution», propose l’élu UDC. 3 millions de déficit? Cette affirmation est vigoureusement contestée par le département de la culture de la ville de Genève et par la direction du Grand Théâtre. «Le Grand Théâtre n'a présenté aucun budget déficitaire à la Ville de Genève dépuis que j'ai été nommé», rectifie le directeur de l'institution lyrique, Aviel Cahn.     

Cette modification clarifie la gouvernance de l’institution

La précédente convention relative à l’exploitation du Grand Théâtre, signée à l’époque par Christian Ferrazzino, réservait au Conseil administratif le droit de faire bénéficier à d’autres associations ou institutions, l’utilisation des locaux du Grand théâtre. Mais en 2020, cette disposition n’existe plus. Dorénavant, si un tiers veut organiser un spectacle au Grand théâtre par l’intermédiaire de la ville, la municipalité doit « expressément » demander l’accord de la fondation de l’institution lyrique. Un changement que le département de la culture justifie ainsi : «Cette modification clarifie la gouvernance de l’institution, ce qui répond à une recommandation de la cour des comptes». 

L'affaire de la « troupe chinoise Shen Yun» proche du Falong Gong

Mais cette modification de convention n’est pas sans rappeler le conflit qui a opposé la troupe chinoise Shen Yun au Grand Théâtre jusqu’au tribunal fédéral. L’institution lyrique refuse depuis 2011 que cette troupe proche du mouvement Falong Gong se produise dans les murs du Grand Théâtre. Dans un premier temps, les autorités municipales avaient pourtant donné leur accord avant de se rétracter.