Genève

Genève sous la loupe du vivre ensemble à l'air numérique

05.02.2023 21h29 Delphine Palma

chic

Tracé par son téléphone, suivi par sa montre ou filmé en pleine rue par la vidéosurveillance. Impossible aujourd’hui d’échapper à la numérisation croissante de la sécurité dans notre quotidien. L’institut Edgelands se penche sur cette thématique à travers l’exemple de plusieurs grandes agglomérations, dont Genève. Une conférence avec deux photographes prestigieux avait lieu ce dimanche au musée international de la Croix-Rouge pour présenter les premiers résultats.

Des photographes qui observent ce qui nous observe. Deux photoreporters de la prestigieuse agence Magnum exposent ce dimanche leur travail au musée international de la Croix-Rouge. (MICR) Des clichés pris en Colombie et à Genève. 

Watching you watching me

Ici au bout du lac, le photographe réputé Thomas Dworzak a suivi 8 Genevois lambda dans leur vie quotidienne, et tenté de comprendre où vont toutes nos données. «Moi je pose la question» explique le photographe. «Je veux remuer les gens, qu’ils s’interrogent en appuyant sur le bouton pour envoyer un email. Mais ce n’est pas un travail d’investigation, car nous n’avons pas de réponse.»

Ce travail photographique fait partie d’une vaste recherche menée par l’institut Edgelands. Le projet est construit comme un laboratoire ambulant, qui pose ses valises pendant plusieurs mois dans une ville. À Genève, des entretiens, un sondage à grande échelle et des recherches plus spécifiques ont permis de tirer le portait du rapport des Genevois à la numérisation croissante de la surveillance au  quotidien.

Privatisation 

Conclusion, la confiance dans l’utilisation de nos données est très limitée et le débat est peu présent en dehors des sphères d’initiés. Plus inquiétant : ici, particulièrement, les entreprises privées jouent un rôle prépondérant dans la numérisation de la sécurité. «Les grands acteurs comme Microsoft ou Google imposent leur technologie à l’administration et à l’ensemble des acteurs genevois», détaille l’ancien journaliste de la RTS Bernard Rappaz. «Ils ont les compétences et l’argent pour numériser la société. Au fond, tout un pan de notre activité est en train de se privatiser en main des GAFAM et des géants de la technologie.»

Cette conférence fait partie des dimanches solidaires du MICR. Une fois par mois, chaque billet acheté est reversé aux bénéficiaires de la Croix-Rouge genevoise. Le projet d’Edgelands, lui, se poursuit à Nairobi et à Chicago.