Genève

Le Conseil municipal veut autoriser le burkini dans les piscines

09.02.2023 18h30 Vincent Ulrich

Burkini

Le Conseil municipal a ouvert hier la voie au port du burkini dans les piscines de la Ville de Genève. À une très courte majorité, la gauche du Délibératif a réussi à faire passer sa modification de règlement pour autoriser le port de la tenue de bain islamique. La droite peut encore renverser la vapeur lundi lors d’un ultime débat.

C’est à deux voix près que le Conseil municipal a accepté de modifier le règlement des piscines de la Ville de Genève. La proposition de la gauche a mené à des débats houleux.

Concrètement, la modification concerne l’article 22 du règlement des installations sportives. La gauche veut supprimer l’obligation pour les femmes d’être «bras nus, avec une tenue au-dessus du genou», ouvrant, de fait, la possibilité de se baigner en burkini.

Aucune revendication de la communauté musulmane

Ce débat autour de la tenue de bain islamique a dérangé la gauche. «Ce qui m'a fait réagir, c'est qu'on a ouvert le débat en parlant tout de suite du burkini», déplore Hanumsha Qerkini, conseillère municipale verte. À la base, nous voulions juste changer le règlement.»

C’est pourtant bien sur le burkini qu’ont porté les débats. La droite refusant la modification en arguant qu’aucune revendication n’émanait de la communauté musulmane, un argument balayé par la gauche: «Il n'y a peut-être pas de revendications, mais sur le terrain ce n'est pas tout à fait la même chose, développe l'élue verte. J'ai moi-même vu des personnes qui se sont vu refuser l'entrée aux bassins avec leurs enfants, parce qu'elles devaient porter un burkini.»

Un référendum lancé?

Au-delà de la question religieuse, à droite, on agite le spectre de l’hygiène, et de la sécurité. «Les premières minutes lors d'un sauvetage sont cruciales et ça prend plus de temps avec un vêtement couvrant», explique Alia Chaker Mangeat, conseillère municipale Le Centre. «Ce sont des secondes essentielles. De plus, si beaucoup de personnes portent des vêtements couvrants, il faudrait mettre plus de chlore.»

Du côté de la Maire de Genève Marie Barbey-Chappuis, à la tête du Département des Sports, c’est l’incompréhension qui prédomine: «Le seul résultat de cette modification, c'est de créer une polémique inutile.»

Un troisième débat aura lieu lundi. La droite espère encore faire basculer le Délibératif dans le camp du "Non". En cas d’échec, l’UDC promet déjà de lancer un référendum.