Genève

Au Salève, les sports d'hiver ont bien évolué à travers le temps

15.02.2023 18h04 Julien Tinner

neige

Située sur le balcon de Genève, la Croisette attire les randonneurs de la plaine. Lorsque l’enneigement le permet, les bénévoles de l’Association du Domaine skiable du Salève tracent des itinéraires à ski de fond, raquettes ainsi qu’une petite piste de ski pour débutants. Mais il fut un temps où le Salève était l'endroit favori des locaux pour la pratique des sports d'hiver

L’histoire des sports d’hiver au Salève remonte à 1892, lors de la mise en service du chemin de fer. Les Genevois aisés empruntent le train à crémaillère pour venir glisser au sommet, ce qui en fait l’une des premières stations hivernales de Haute-Savoie.

Les acteurs régionaux développent une offre touristique attractive : des courts de tennis recouverts d’eau gelée forment des patinoires, des petits tremplins de saut à ski sont érigés, et des compétitions dominicales de bobsleigh sont organisées. Dominique Ernst est membre de La Salévienne et écrivain: « À l’époque, ce sont les routes fermées à la circulation qui font office de piste de ski et de luge. Il y a des descentes de plusieurs kilomètres avec des virages en épingle : tout cela est très spectaculaire et ces coupes ont énormément de succès. » Preuve de leur succès, la compagnie de chemin de fer affrète des trains spéciaux pour répondre à l’affluence. Cette fréquentation fait alors vivre de nombreux cafés, hôtels et restaurants dans le village de Monnetier.

Fin de l'âge d'or

Mais ce succès cesse dès le démantèlement de la ligne de chemin de fer dans les années 1930. Les amateurs de sports d’hiver sont alors de plus en plus nombreux à accéder à la mobilité individuelle. La voiture leur permet de se rendre dans les stations nouvellement ouvertes, mieux équipées que le Salève. « Le succès des sports d’hiver au Salève était intimement lié à une époque où les gens se déplaçaient essentiellement en train» rappelle Dominique Ernst. «Depuis Genève, on pouvait très facilement prendre le tramway jusqu’à Veyrier, puis le train pour monter. Mais l’arrivée de la voiture individuelle permet de se déplacer beaucoup plus facilement, et les gens vont se rendre dans des lieux mieux équipés que le Salève. » 

Après plusieurs dizaines d’années de dormance et quelques balbutiements, une association a repris l’exploitation du domaine skiable du Salève en 2015. Les bénévoles assurent entre 15 et 20 jours d’ouverture par année, mais le manque d’enneigement rend cette activité toujours plus instable. Blaise Thorens, président de l’Association du Domaine skiable du Salève, évoque la situation actuelle: «Nous n’avons pas de canon à neige. Par-contre on a plein de pelles à neige. On organise des journées de corvée pour boucher tous les trous de la piste pour essayer d’ouvrir un maximum. » 

Sous l’effet du changement climatique, l’isotherme du zéro degré a déjà grimpé de 300-400 mètres depuis 1961, et cette hausse va se poursuivre à l’avenir. Dans ses projections climatiques, MétéoSuisse indique que cette limite va atteindre 1500 mètres d’altitude en 2050. La couverture neigeuse sera réduite de moitié à cette même échéance. Située à 1'175 mètres, la Croisette sera touchée, tout comme le reste du Salève.