Genève

La plateforme smartvote sous le feu des critiques de la liste Libertés et Justice sociale

15.02.2023 18h24 Pablo Sanchez

smartvote

Depuis 20 ans, la plateforme smartvote permet aux citoyens de comparer leurs positions à celles des candidats. Pour les élections cantonales de 2023, la grande majorité des partis s’est prêtée au jeu. Mais une liste fait figure de grande absente, celle de Libertés et Justice sociale. Ses candidats dénoncent un traitement des données très opaque.

Sécurité, énergie, environnement, finances. Sur smarvote chaque citoyen peut prendre position sur les thèmes clés d’une campagne politique. A la fin du questionnaire, une recommandation de vote vous est donnée. Mais si vous cherchez les positions de la liste Libertés et Justice Sociale pour les élections cantonales, vous ne les trouverez pas. La raison : les candidats considèrent que la plateforme manque de transparence.

Une récolte de données controversée

« Cette plateforme, sous le couvert de donner des positionnements politiques des candidats et candidates, récolte énormément d’information sur les citoyens qui y participent sans aucune transparence. Nous leur avons demandé les résultats, ils ne sont pas entrés en matière là-dessus. Pour nous c’est un vrai problème toutes ces données collectées. » explique Laurent Seydoux, candidat de Libertés et Justice sociale au Grand Conseil.


Selon le candidat, le traitement de ces données représente un enjeu stratégique : «  Avoir l’élément d’un position politique selon un profil vous permet de faire des campagnes de communication ciblées et ce sont des éléments qu’ils partagent avec des médias et d’autres associations » soutient-il. Il ajoute que « Leurs données sont stockées chez Amazon, grosse multinationale américaine. Et elles sont en Allemagne. »

Pas de risque ?

Pour Marc Wuarin, les utilisateurs n’encourent aucun danger en utilisant smartvote. «  Ils peuvent le faire de manière anonyme donc je vois pas ça comme un risque. » opine le candidat Vert’libéral au Grand Conseil. 

Selon lui, la Liste Liberté et Justice sociale crée une fausse polémique. « A mon avis il y avait peut-être une volonté de la part de Libertés et Justice sociale d’avoir accès à des données pour les analyser et mieux connaître leur électorat. Mais je pense que c’est une bonne chose que smartvote ne livre pas ses données et permette à chacun de se positionner librement. »

Smartvote se défend

Contactée, la plateforme nous assure ne pas analyser les préférences politiques des citoyens. « Nous produisons des statistiques, des graphiques et du savoir sur les préférences des candidat.e.s, et non pas sur les utilisateurs et utilisatrices. […] Seules les données strictement nécessaires à l’émission d’une recommandation de vote individuelle ou à la recherche scientifique sont collectés. Elles sont anonymisées et en aucun cas disponible au niveau individuel. » nous indique-t-on par mail.

Quant au stockage en Allemagne, smartvote explique le faire pour des raisons économiques et de protection des données. « Les données sont stockées en Allemagne (UE) là où les normes de protection des données sont les plus élevés et où le stockage engendre des coûts permettant de conserver un service gratuit. Nous serions les premiers à nous réjouir qu’une telle possibilité existe ici et que la Suisse devienne une référence en matière de protection des données. » justifie smartvote. 

Si la question de la protection des données est aussi sensible, c’est parce que smartvote est très employé en période électorale. En 2015, plus d’un électeur sur 5 avait utilisé la plateforme.