Apprendre à dompter ChatGPT à l'école plutôt que l'interdire
Accessible au public depuis novembre 2022, ChatGPT permet de générer automatiquement des textes (dissertations, annonces publicitaires...) en quelques secondes. Si certaines villes ont déjà interdit l’utilisation de cet outil à l'école, ce n’est pas le cas de Genève. En privé comme en public, on s’active pour former les professeurs et les élèves.
C’est le projet de l’école Moser: former professeurs et élèves à ChatGPT dans les semaines à venir. Âgés de 11 ans seulement, ces jeunes sont déjà familiarisés avec ce nouvel outil. Utilisé à bon escient, il permet d’enrichir sa culture générale comme n’importe quel navigateur. Mais pour le corps enseignant, il se révèle être un véritable challenge. Audrey Bollard est professeure de français: «Nous n'avons pas de moyen de vérifier si les élèves ont fait appel à ChatGPT pour faire leurs devoirs, si ce n'est sur le style ou la forme de l'écriture. Si tout devient parfait, on peut se poser des questions.»
ChatGPT remet en question la notation de certains travaux, comme le travail de maturité. Mais la direction elle, préfère relativiser. Alain Moser, directeur: «C'est toujours vexant quand on est enseignant, d'avoir le sentiment que les choses existent et qu'on ne sait pas les utiliser. Nous avons adopté cette philosophie: nous n'allons pas l'interdire mais savoir comment l'utiliser».
Mulitplication des formations aussi au DIP
L'école Moser n'est pas la seule à avoir pris les devants. Le DIP, a dû quintupler son nombre de formations données, à près de 155 enseignants, en l’espace d’un mois et demi. Avec certaines craintes pour la plupart d’entre eux: «On se demande si les élèves vont devenir flemmards. Cela nous interroge aussi sur notre position et notre rôle comme enseignants, on se demande si notre métier va disparaître».
Un outil sans empathie
Interdit dans beaucoup d’écoles et universités dans le monde comme à New York ou Paris. Cet outil possède certaines limites comme l’absence d’empathie. Un contenu plus proche du vraisemblable que du vrai, selon le consultant en technologies Stéphane Koch: « ChatGPT s'appuie sur des connaissances humaines et l'humain est biaisé à la base. Donc il ne faut pas attendre de l'outil qu'il corrige nos erreurs. Par contre, il peut les amplifier ou les rendre moins faciles à identifier. Donc sur ce point là, il est très bien que l'école ait pris les devants pour savoir comment marche cette intelligence artificielle».
Malgré de nombreuses interrogations, ChatGPT est bien partie pour être acceptée. Reste à savoir si le professorat saura se mettre à la page, avec une nouvelle version, prévue pour le mois de juin.