Affaire de la plume: 14 ans requis contre l’accusé
Dans le procès dit «de la plume», le Ministère Public n’a pas changé d’avis. Il a requis, comme en première instance, 14 ans de prison contre le notable accusé du meurtre de sa femme. La 1ère procureure n’a pas cru à la thèse du jeu sexuel qui aurait mal tourné.
Pour elle, cela ne fait aucun doute, l’accusé a une nouvelle fois menti. Car «il n’y a qu’une seule version qui explique l’intégralité des faits: les traces sous ses doigts, les blessures, tout converge.» Pour Anne-Laure Huber, une seule question: a-t-il pu la tuer sans s’en rendre compte? «La réponse est non, a martelé la magistrate. Les signes de mort imminente ressentis par la victime et de panique, il n’a pas pu ne pas les voir. 3 min c’est long.»
La Magistrate poursuit son réquisitoire. Sur le banc des accusés, le notable soleurois garde la tête baissée sans jamais croiser son regard. Elle développe : la victime a-t-elle pu mourir asphyxiée sans se débattre? Totalement incohérent, selon la procureure: «Comment a-t-elle pu inspirer avec une telle force une plume de 4,5 cm en prenant du plaisir. Ce n’est pas comme avaler une cacahouète de travers. Pour elle, il y a eu lutte et beaucoup de souffrance.
Ont-ils eu une relation sexuelle? Rien ne le prouve vraiment, à part le témoignage du prévenu. L’accusé est-il une bonne personne? «Oui, il l’est, reconnaît la procureure: mais être un bon père ou un bon ami, n’empêche pas d’être un meurtrier.» Il aimait sa femme. «Oui, sans doute. Cela ne signifie qu’il ne l’a pas tué. Les hommes tuent leurs femmes depuis la nuit des temps. C’était peut-être un coup de sang.»
«Acquittez-le et vous aurez le sentiment d’honorer la justice»
Après la 1ère procureure, les avocats de la défense ont plaidé. Il était notamment question du doute qui entoure cette affaire. «La présomption d’innocence requiert de la prudence», a emblée avancé Guerric Canonica à la cour. Vous avez le droit de douter, leur dit-il. D’autant plus, avec une telle absence de mobile.
Douter d’abord du travail des experts qui ont relevé certaines incohérences dans la thèse de l’asphyxie érotique: «La médecine, ce n’est pas une science exacte.» Son confrère Me Ducor précise le propos : «La victime était consentante car tuer un adulte en pleine forme par suffocation ce n’est pas possible.» Elle aurait trop de force pour se débattre. «Elle avait des coups de fatigue, mais elle n’était pas à l’article de la mort. Elle était vivante, bien vivante,» selon Maitre Hayat.
Les avocats doutents encore du scénario décrit dans l’acte d’accusation. «Il lui tient les bras et l’étouffe en même temps. C’est impossible, selon Maitre Canonica. «Il n’y a pas d’ADN, aucune trace de lutte ne démontre l’agression décrite par le MP. De cela, vous n’avez rien.» Guerric Canonica conclut: «Cela doit vous empêcher de condamner mon client pour homicide. Acquittez-le et vous aurez le sentiment d’honorer la justice».
Le verdict pourrait être connu dans les jours à venir.