Le mari acquitté de meurtre mais coupable d'homicide par négligence
La justice genevoise a acquitté jeudi en appel le septuagénaire poursuivi pour le meurtre de son épouse en 2016. Les juges retiennent la thèse de l'accident lors d'un jeu sexuel et le condamnent à 3 ans de prison avec sursis partiel pour homicide par négligence.
C'et historique. En première instance, cet homme d'affaires âgé aujourd'hui de 72 ans avait été reconnu coupable d'avoir tué sa femme en l'étouffant. Il avait été condamné à 13 ans de prison. Les faits s'étaient déroulés en février 2016 dans l'appartement de l'épouse, alors âgée de 66 ans. En appel, il a finalement à 3 ans de prison, dont 18 mois ferme, pour homicide par négligence, soit la peine maximale pour ce qualificatif.
Le prévenu avait affirmé durant 7 ans qu'elle était décédée de mort naturelle suite à un malaise. Il avait expliqué l'avoir trouvée sur le sol de la salle de bains et dans la panique il l'avait tirée dans la chambre à coucher et hissée sur le lit.
Zones d'ombre
La faute de l'accusé n'en demeure pas moins «très lourde». La pratique sexuelle était acceptée par l'épouse mais «pas jusqu'à en mourir». Selon le président de la Chambre pénale, l'homme a fait preuve d'une «négligence crasse» en violant les règles de prudence. Il aurait dû être attentif à la durée de l'asphyxie et surtout au moment où elle a tenté de reprendre son souffle.
Selon la Chambre pénale, le mari n'a pensé qu'à lui. Un simple geste aurait évité l'issue fatale. Les juges ne lui trouvent aucune circonstance atténuante. Sa coopération a été «exécrable» et «son mensonge pendant sept ans n'avait rien de pieux». L'homme voulait avant tout protéger sa réputation, estime la Cour.
Il demeure encore des zones d'ombre dans cette affaire, a relevé le président de la chambre qui regrette que l'homme n'ait pas tout révélé. Etant donné ces circonstances, les juges ont prononcé la peine maximale en cas d'homicide par négligence, soit trois ans de peine privative de liberté, dont 18 mois ferme et ensuite au bénéfice du sursis partiel. L'homme a déjà fait près d'un an de prison.
Il y a peu, l'homme avait fourni à la justice une nouvelle explication peu avant son procès en appel qui s'est tenu la semaine dernière. Selon lui, la mort de sa femme résulte d'un jeu sexuel d'asphyxie érotique qui a mal tourné. Il n'avait pas pu en parler par pudeur et honte. L'accusation n'est pas parvenue à fournir une thèse alternative.
«Un procès d'appel n'est jamais gagné d'avance, surtout quand les enjeux sont tels, réagit l'avocat du septuagénaire Me Guerric Canonica. C'est la justice qui sort grandie de cette arène judiciaire.» Son autre avocat, Me Yaël Hayat relève un acquittement qui «illumine toute la cité»: «Cette nuit-là, c'était l'amour qui était au rendez-vous et pas la mort. C'est important de dire qu'il n'y avait pas cette finalité et qu'elle n'était pas attendue. Dire le vrai de cette histoire, c'est une façon de rendre hommage à la victime.»