À Berne, la redevance radio-télé est de nouveau sur la table
À Berne, le Conseil National entame sa session d’été ce lundi. Au cœur des débats du jour, la redevance radio-télévision et l’initiative «200 francs, ça suffit» portée par l’UDC. Si cette dernière est acceptée par le peuple en 2026, cela impliquera une réduction massive des contributions pour le service public suisse.
Deux cent francs contre 335 aujourd’hui, l’initiative lancée par l’UDC souhaite réduire la facture Serafe reçue chaque année par les ménages suisses. Pour la conseillère nationale Céline Amaudruz, il en va du pouvoir d’achat des citoyens et des attentes envers le service public: « Il faut rappeler qu'ils ont 17 chaines radios et 7 chaines télévision. On peut s'interroger sur la nécessité d'en avoir autant dans un service public. Il faut remettre l'église au milieu du village, voir ce qu'on attend d'un service public et peut-être alors que des prestations devront être retirées. Mais je pense qu'avec 200 francs, on va pouvoir assurer la diversité au niveau des langues, ce qui est important et dont l'UDC est conscient (...) et ensuite faire une péréquation financière au niveau de la répartition des fonds» estime l'élue.
La redevance suisse est parmi les plus salées au monde, la moyenne en Union Européenne se situant à 124 francs selon European Broadcasting Union. L’initiative «200 francs, ça suffit» veut se concentrer sur le service public et ne concernerait pas les radios et télévisions régionales -qui touchent aussi une part de redevance; à savoir 6% du montant total, à se répartir entre les 38 organes bénéficiaires, selon l’Office Fédéral de la Communication.
Coupes drastiques en vue
À Berne, la gauche et le centre font bloc contre ce texte. Le gouvernement propose quant à lui un contre-projet prévoyant de réduire progressivement la redevance de 335 à 300 francs et exonérer les entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 1,2 millions de francs. Une fausse bonne idée pour la rapporteuse de la commission des transports et télécommunications, Delphine Klopfenstein-Broggini: Il n'a simplement pas sa place, d'abord parce qu'il estime que le sujet de l'initiative est juste. Or il manque sa cible. Il faut pas réduire la SSR mais il faut faire en sorte d'avoir une information de qualité, indépendante et bien formulée, pour lutter contre les fake news», expose-t-elle.
Un passage à 300 francs avec le contreprojet imposerait déjà une baisse de 17% des revenus à la SSR. Les 200 francs de l’initiative forcerait à se serrer encore plus la ceinture et opérer des coupes drastiques. Un risque majeur pour Delphine Klopfenstein-Broggini: «C'est là une bonne occasion pour replacer la question de notre démocratie: que veut-on comme démocratie? Quel accès à l'information? Avec quelle critique, quelle expertise mais aussi quelle indépendance? Le fait d'avoir aussi accès à l'information, à la culture, au sport (...), il faut pour cela des lieux où l'information est sûre, où la source est de qualité et où des personnes sont formées» explique l'élue verte.
Selon le rapport de gestion de la SSR. Les recettes totales s’élevaient à 1,56 milliards de francs en 2024, dont 1,28 milliards issus de la redevance. Le reste provenait des recettes commerciales ou autres. Voilà trois fois en 10 ans que l’on débat sur cette taxe. Ce lundi promettait une journée dense et riche en interventions, un deuxième round de discussions entre parlementaires et le vote final sont prévus le 12 juin. Le peuple sera quant à lui appelé à se prononcer sur cette initiative, au plus tôt en mars 2026.