À Genève, les prévisions fiscales déjà revues à la baisse
EXCLUSIF – Les prévisions fiscales cantonales pour 2025 ont été surestimées, révèle Léman Bleu. En tout, 305 millions manqueraient au budget. Une aubaine pour la gauche qui y voit un argument pour refuser la baisse d’impôts soumise au vote le 24 novembre prochain.
Le ciel au-dessus des finances cantonales semble s’assombrir. Le 12 septembre dernier, Nathalie Fontanet présentait un projet de budget 2025 équilibré, malgré une forte progression des dépenses cantonales. Une heureuse exception genevoise rendue possible par des estimations fiscales réjouissantes, dans la lignée des trois dernières années marquées par des excédents records. Des excédents qui devaient beaucoup à certains secteurs économiques florissants comme le négoce, la finance ou l’horlogerie.
Mais le retour à la normalité semble s’amorcer. Les charges devraient être plus élevées que prévu et les projections fiscales plongent pour l'année prochaine. On parle d'un total de 305 millions de francs, alors que le Conseil d’État travaille actuellement sur le prochain budget en vue de son examen par le Grand Conseil.
Nathalie Fontanet «pas inquiète»
La situation serait tout à fait normale, selon Nathalie Fontanet. Devant la presse, la grande argentière précise que le canton se trouve dans une situation habituelle pour cette période de l’année. Elle rappelle que le Conseil d’État n’est pas inquiet. Dans le détail, la conseillère d’État précise que les estimations des revenus par rapport au projet présenté en septembre sont effectivement en baisse de 257 millions de francs.
À ces baisses s’ajoutent encore des augmentations de charges, de quoi, au total, faire plonger le déficit à près de 300 millions de francs, selon des chiffres obtenus par Léman Bleu. La ministre des finances refuse d'articuler un quelconque chiffre en l'état.
La gauche inquiète
Des chiffres à lire toutefois avec la plus grande prudence, car basés sur des sondages effectués sur un panel d’entreprises. Ces estimations ne présagent pas avec certitude du résultat final des comptes. Mais la nouvelle suffit à faire gonfler les voiles de la gauche, en pleine campagne contre le projet de baisse d’impôts soumis à votation le 24 novembre prochain.
Le député PS Sylvain Thévoz voit rouge. Dans ce contexte, il parle de cette réforme de l’imposition des ménages comme d’une «folie», puisqu’elle réduirait les recettes fiscales de 326 milions pour le canton et de 108 millions pour les communes: «Madame Fontanet prétendait que les prévisions étaient bonnes et que tout allait bien dans le meilleur des mondes. On voit que son château de cartes est sur le point de s'effondrer. Je suis inquiet pour les finances publiques et les communes qui vont devoir revoir complètement leur budget. Elles n'ont même pas encore été informées!»
«Pas un argument» pour la droite
Du côté du PLR, on refuse d’y voir un argument de campagne: «Si ces chiffres s’avèrent, ils ne constituent en aucun cas un argument pour refuser la baisse d’impôts pour la classe moyenne, explique la députée Natacha Buffet-Desfayes. Cette baisse d’impôts rendra du pouvoir d’achat direct aux Genevois et c’est cela qui importe.»
Quid de l’information aux communes? «Le Conseil d’État a été informé ce matin des nouvelles recettes fiscales et ne pouvait donc pas en informer les communes plus tôt. Même si on peut souhaiter une meilleure communication entre elles et le canton, cela n’a rien de dramatique pour ces dernières qui sauront très bien rebondir», indique l’élue PLR.