Genève

À l'université, la «réserve institutionnelle» doit primer

11.03.2025 16h05 Julie Zaugg

rapport UNIGE

Quel est le rôle des universités dans le débat public ? Un rapport mandaté par le rectorat de l’Université de Genève devait trancher sur cette question, en réponse à l’occupation de l’UniGE par les étudiants propalestiniens. Publié hier, il prône la liberté d’expression, la liberté académique et la neutralité institutionnelle. 

Dans ce document d’une quarantaine de pages, le comité scientifique de l’UniGE souligne que l’université doit rester un espace de débats critiques, oui, mais ne pas adopter de positions politiques officielles en dehors de ses missions fondamentales.

Le rapport prône ainsi la réserve institutionnelle tout en encourageant un débat ouvert et encadré. Pour le comité, les collaborations scientifiques ne doivent être suspendues que dans des cas exceptionnels, par exemple si la sécurité des chercheurs est en jeu. Il est aussi mentionné que l’usage des locaux universitaires doit être clarifié afin d’éviter leur occupation prolongée à des fins idéologiques.

La CEP déplore un manque de courage

Des conclusions et recommandations qui ne vont pas dans le sens de que revendiquait la Coordination Etudiante pour la Palestine. Pour rappel, la CEP souhaitait une prise de position de la part de l’université sur la situation à Gaza qu’elle qualifie de génocide commis par Israël. Elle demandait aussi un appel institutionnel pour un cessez le feu.

Contactée, la CEP fait dans un premier temps part de son insatisfaction. « Le comité parle de l’université comme un "brave space" qu’elle oppose au safe space (…), un lieu où l’on devrait débattre de façon "brave", courageuse, mais où l’institution ne pourrait en aucun cas prendre position. Dès lors, il revient plutôt de parler de lâcheté institutionnelle, parce qu’il n’y a rien de courageux dans ce rapport » 

De son côté, l’Université de Genève indique que le rapport va maintenant faire l’objet d’une large consultation de la communauté universitaire ainsi que le comité d’éthique et de déontologie. Un débat public sera organisé au début du mois prochain. Le rectorat prendra ensuite position à l’issue de cette consultation, le 24 avril.