Genève

Abaissement du Rhône: la mortalité des poissons scrutée de près

20.05.2025 18h23 Delphine Palma

rhone

C’est une opération spectaculaire qui se déroule actuellement sur le Rhône. Tous les quatre ans, le barrage de Verbois relâche les sédiments qu’il retient, modifiant le débit et le lit du fleuve. Une manœuvre lourde, surveillée de près par les défenseurs des poissons. Ces dernières années, des aménagements importants ont été mis en place pour tenter d’en limiter les effets.

Ce mardi matin à Challex, à quelques pas de la frontière, pelleteuses et tombereaux troublent la tranquillité des bords du fleuve. Dans un étang temporairement asséché par l’abaissement du niveau d’eau, 500 kilos de poissons ont été prélevés la semaine passée et mis à l’abri. Il s’agit désormais de creuser, indique Fabio Heer, responsable environnement et production électrique aux SIG. «Nous creusons deux mètres supplémentaires pour que dans quatre ans, il reste deux mètres d’eau dans l’étang. Cette zone refuge fonctionnera par elle-même.»

Un peu plus en amont, à Avully, un étang approfondi il y a quatre ans est toujours en eau. Une satisfaction pour les SIG. «Les poissons sont toujours dedans, nous n’avons pas eu besoin de les sortir. C’est un succès total.»

Un succès que les pêcheurs tempèrent vivement. Pour eux, lagunes et lônes aménagées remplissent leur fonction. Mais le vrai problème reste l’opération d’abaissement elle-même, peste Maxime Prevedello, président de la commission de la pêche. «La très grande majorité des poissons sont balayés par l’eau chargée en sédiments. Leurs branchies se colmatent. Certains s’en sortent, les adultes et notamment ceux qui atteignent les zones refuges.»

Les Services industriels assurent de leur côté que les niveaux de turbidité sont strictement encadrés par la réglementation, et restent compatibles avec la survie de la faune piscicole.

L’opération, qui se poursuivra encore une semaine, représente un coût important.
Elle mobilise près de 6 millions de francs, dont près de 2 millions pour l’intervention elle-même, principalement les mesures environnementales, et 4 millions consacrés à l’achat d’électricité durant la période d’arrêt complet de la production.

Ce mardi, 40% des sédiments avaient déjà été évacués des retenues du barrage.