Accusé de viol, Tariq Ramadan clame son innocence
Le procès en appel de Tariq Ramadan s'est ouvert lundi à Genève. L'islamologue est accusé de viol et de contrainte sexuelle par une femme âgée aujourd'hui de 58 ans. Acquitté en première instance, l'intellectuel genevois a de nouveau clamé son innocence.
«Je suis absolument innocent de tout ce qui est dit et de tout ce qu'on affirme que j'ai pu faire», a réaffirmé Tariq Ramadan devant la Chambre pénale d'appel et de révision. L'islamologue a répété qu'il n'a jamais eu de relation sexuelle avec la plaignante une nuit d'octobre 2008, dans la chambre d'un hôtel genevois.
Il a expliqué avoir été abordé par la plaignante sur les réseaux sociaux. La femme se montrait «extrêmement entreprenante». Finalement, piqué par la curiosité, et mu par la volonté de savoir à qui il avait affaire, il lui a proposé de prendre un café entre deux avions.
Une ligne de défense identique
D'emblée, Tariq Ramadan dit avoir douté de la véracité des propos tenus par cette femme qu'il ne connaissait pas. Dans les messages avant et après la rencontre, «elle dit qu’elle m’aime», argumente-t-il. Dans la chambre d'hôtel, la situation a mal tourné, selon les dires de l'accusé. Ce dernier a raconté s'être retrouvé avec des extensions de cheveux dans ses mains et avoir vu du sang sur les habits de la plaignante.
«J'ai eu de la répulsion et l'impression d'avoir été piégé», a-t-il déclaré. Il a avoué avoir été grossier avec elle, mais, se sentant coupable de l'avoir blessée, il l'a autorisée à rester dans la chambre pour dormir, car il était trop tard pour qu'elle rentre chez elle.
«Depuis bientôt six ans, ma vie a été détruite, ajoute l’accusé. J’aimerai que vous entendiez la colère d’un homme innocent.» Puis, Tariq Ramadan prend un ton très solennel: «Le pire pour la cause des femmes est de mentir en accusant un homme innocent de viol.» Selon lui, la plaignante, humiliée d'avoir été éconduite, a voulu se venger, se liguant contre lui avec d'autres femmes pour «le faire tomber».
«Le jugement ne m’a pas apporté la paix»
Interrogée par la Cour, la plaignante, âgée de 58 ans a donné une tout autre version de l'histoire. Elle a affirmé avoir bien été violentée et abusée dans cette chambre d'hôtel. L'acquittement en première instance de l'islamologue a été un choc pour elle. «J'ai dénoncé un viol et je m'étonne de n'avoir pas été reconnue en tant que victime».
L'accusatrice a admis avoir écrit «compulsivement» à Tariq Ramadan pendant une période. «On m'a raillée et dit que j'étais une fofolle.» La plaignante a toutefois déclaré n'avoir plus eu d'échange avec l'islamologue à partir de février 2009, à l'exception d'un courriel en 2010.
«On subit l'horreur et on cherche à se reconstruire. Quand on voit qu'on n'y arrive pas, on saisit la justice et c'est le rouleau compresseur», a déclaré celle que les médias surnomment "Brigitte". Quand le président de la Cour lui a demandé d'estimer son tort moral, la plaignante a balbutié et a fondu en larmes. «Quand on voit que sa vie est foutue, le seul recours c’est la justice, a-t-elle continué. Mes enfants ont une mère détruite et cela n’est pas calculable en tort moral».
Tariq Ramadan, 60 ans, est atteint de sclérose en plaques. La maladie a été diagnostiquée en 2014. Quatre femmes accusent également Tariq Ramadan de viol en France entre 2009 et 2016. Il n'a pas encore été jugé. À ce stade, l'avocat général a demandé que ne soit retenu qu'un seul viol aggravé, avec violences, il encourt une peine de trois ans de prison. Le procès en appel se poursuit mardi avec l'audition de témoins.