Genève

Adieu Bernie. Bernadette Lapierre, figure emblématique de Léman Bleu s'en est allée

05.06.2025 19h27 Delphine Palma

bernie

Elle avait le geste délicat, la parole vive, et ce don rare de mettre tout le monde à l’aise.
Pendant plus de vingt ans, Bernie a marqué notre chaîne. Maquilleuse, chroniqueuse, collègue, amie… elle était tout cela à la fois, avec une énergie et une élégance à toute épreuve. Sa disparition, après des années de lutte contre la maladie, laisse un immense vide. 

Chez Léman Bleu, Bernadette Lapierre — Bernie, comme on l’appelait tous — était chez elle. La télévision, ses paillettes, sa frénésie, c’était son univers.

Engagée en 2004 comme maquilleuse, elle passe rapidement de l’ombre à la lumière. À l’antenne, elle devient « Tata toutous », chroniqueuse au ton tendre et joyeux, chargée de présenter les animaux de la SPA. Curieuse et toujours partante, Bernie est apparue au fil des ans dans de nombreuses émissions… et même dans quelques publicités.

« Son rapport à l’image, à la télévision, était extrêmement fort, raconte Laurent Keller, directeur de Léman Bleu. Elle était toujours partante pour de nouveaux projets. Elle a fait plein d'émissions. C’était une passion immense qui l’habitait. »

Mamie paillette

Une passion pour la télévision donc. Mais aussi pour la chanson. Bernie adorait le karaoké.
Derrière le maquillage, le goût du show, se cachait une grande simplicité, explique le journaliste Philippe Verdier, son ami proche: « On pouvait croire, au premier abord, qu’elle était légère, superficielle. Mais elle n’était pas dupe des apparences. Elle avait un lien très fort avec les gens. »

Léman Bleu était sa maison, et la loge maquillage son salon. Un lieu de passage pour le tout Genève, devenu un espace de confidences. Pendant près de vingt ans, presque tous les soirs, c’est elle qui effaçait les cernes, sublimait les visages et mettait à l'aise les invités du soir.

Le chirurgien et homme politique Philippe Morel l’a rencontrée là. Il est devenu l’un de ses plus proches amis: « C’était une personne rayonnante, altruiste, très gaie. Elle excellait au karaoké. Quand elle était au milieu de la piste, on ne voyait qu’elle. »

La maladie et la dignité 

En 2019, la maladie la frappe. Le diagnostic est brutal : il ne lui reste que quelques mois à vivre. Mais Bernie se bat. Une semaine en chimiothérapie, une autre à la rédaction. Elle reprend même l’antenne, poursuivant ses chroniques animalières.

Sa force de caractère, elle l’a aussi mise au service d’une cause : faire reconnaître le droit au remboursement des soins dentaires pour les personnes atteintes de cancer. Sa combativité sans faille jusqu’au bout, a marqué tous ceux qui l’ont côtoyé.

« Lunettes de soleil, coupe branchée, peeling fait… C’était Bernadette. Sur son lit de mort, elle était encore une pin-up», glisse Laetitia Guinand. La journaliste du PoinG l'a connu après son premier cancer.  «La plus belle leçon qu’elle nous laisse, c’est d’avoir vécu jusqu’au bout en restant elle-même. Elle était toujours aussi belle, aussi jeune, aussi coquette. »

Mercredi 4 juin, Bernadette s’en est allée. Elle laisse un grand vide dans la maison Léman Bleu. La chanson "Grenade" de Clara Lucciani qu’elle adorait, résonne pour tous comme un souvenir sublime de sa présence.