Genève

Affaire Curabilis: Quentin Stauffer dénonce un «immobilisme total»

05.06.2025 19h44 Rédaction

Soins annulés, unités fermées, personnel débordé: le secrétaire syndical Quentin Stauffer (SSP) tire la sonnette d’alarme. Malgré des alertes répétées, les autorités restent silencieuses.

Le climat à Curabilis, l’établissement psychiatrique pénitentiaire genevois, continue de se détériorer. Quentin Stauffer, secrétaire syndical au SSP, alerte sur une situation critique faite de pénuries de personnel, de soins annulés et d’absences non compensées. Malgré les multiples avertissements lancés depuis des mois, les autorités cantonales restent silencieuses.

Pression et absentéisme en hausse

Selon lui, les premiers signaux d’alerte sont venus des annulations régulières de transports de détenus, notamment vers l’hôpital. Le manque criant d’agents de détention et d’infirmiers en est la raison, explique-t-il. Cette pénurie contraint parfois l’institution à fermer des unités entières, bloquant les détenus dans leurs cellules, sans accès aux soins ou aux activités thérapeutiques. «C’est comme si vous éteignez puis rallumez un traitement psychiatrique», déplore-t-il.

L’absentéisme touche désormais tous les corps de métier à Curabilis: soignants, agents de détention, brigade de sécurité (BSA). Cela cause une surcharge de travail, une perte de sens et des tensions croissantes sur le terrain. «Les collègues veulent faire leur travail, mais on les en empêche», affirme-t-il. Un phénomène qui s’auto-alimente, entraînant de nouveaux arrêts maladie.

Aucune réponse du département

Malgré une lettre envoyée à la conseillère d’État Carole-Anne Kast le 18 février, puis une relance, aucun retour n’a été donné au syndicat. Ce silence est perçu comme un mépris. «On tire les sonnettes d’alarme, mais rien ne vient. Alors on va dans les médias, car c’est le seul moyen d’être entendu.» Interrogé sur le fait que l’élue soit de gauche, il commente: «Cela rajoute de la déception au mépris qu’on ressent de sa part.»

Pour le SSP, les problèmes ne se résument pas à une pénurie de personnel. Ils pointent également une gestion problématique, un manque de coordination entre les soins et la détention, et des pratiques de surveillance internes inadaptées. «L’Office cantonal de la détention demande à ses agents de surveiller les pratiques des soignants. Ce n’est pas leur rôle», insiste Quentin Stauffer.

Demandes urgentes

Au-delà des chiffres et des rapports, ce sont des personnes qui souffrent: patients privés de soins, soignants découragés, agents épuisés. L’unité d’urgence psychiatrique est restée fermée, et certains détenus ont dû attendre des mois pour des traitements essentiels. «On touche ici à des droits fondamentaux», martèle Quentin Stauffer.

Le syndicat réclame des mesures immédiates: engagement de personnel supplémentaire, réouverture permanente des unités, renforcement du BSA. Il demande aussi un travail de terrain et invite les autorités vaudoises, qui estiment que tout va bien, «à mettre (leur) nez dans ce qui se passe.»