Agression des soignants à Annemasse: deux versions s'affrontent
Onze heures de procès et toujours pas de verdict dans l’affaire de l’agression supposée du personnel soignant de l’hôpital privé des pays de Savoie à Annemasse le 8 janvier dernier. La version des deux frères, poursuivis pour violence, est très différente de celle des soignants. Soupçons d’état d’ébriété du personnel médical, absence de violence selon deux témoins, le délibéré sera rendu le 10 mars prochain.
Le 8 janvier dernier, deux frères cheminots aux CFF, arrivent aux urgences peu avant 23h30. Le plus âgé est blessé au visage et au bras après un accident sur son lieu de travail. Mécontents du délai de prise en charge, et en l’absence de documents, ils s’en seraient pris au personnel soignant après qu'on leur ai demandé de quitter le couloir des urgences où les accompagnants ne sont pas admis. Le plus jeune a accusé deux infirmières d'être alcoolisées. Une échauffourée éclate, au total, quatorze soignants ont été blessés.
Les urgences sont restées fermées plusieurs jours. Les deux frères qui habitent la région ont été interpellés au lendemain des faits alors qu’ils se rendaient au commissariat pour porter plainte. Ils dénoncent un personnel alcoolisé qui participait à un repas de Noël et qui les auraient molestés. 17 minutes se sont écoulées entre l’arrivée des deux prévenus et leur départ. La défense dénonce une enquête lacunaire.
«C'est une enquête bâclée parce qu'on a refusé aux policiers d'avoir accès aux caméras de vidéosurveillance, il nous manque la minute cruciale où les faits se seraient déroulés et un infirmier urgentiste a lui-même tapé dans un mur en s'infligeant une blessure» dénonce Maître Sarah Mauger-Poliak avocate de la défense.
Deux témoins attestent l'absence de violence
Un geste de colère selon l’infirmier juste après le départ des deux frères partis se faire soigner ailleurs. À l’audience, deux témoins présents ce soir-là aux urgences sont venus conforter la version des deux frères. Ils ont indiqué ne pas avoir vu de violence et s’être interrogés sur le possible état d’ébriété d’au moins un des membres du personnel. Les soignants qui ont défilé à la barre ont décrit des scènes d’une grande violence, coups, tirage de cheveux, infirmière trainée au sol, des versions parfois contradictoires sur le déroulé des faits.
La défense accuse le personnel soignant de mentir
«Quand vous avez quatorze personnes qui voient une scène différente, chacun en retient un élément qui l'a particulièrement marqué, quand on regarde l'ensemble des éléments, vous avez des versions tout à fait concordantes» défend Maître Marie-Christine Mante-Saroli, avocate de la partie civile.
Onze heures de procès, deux longues plaidoiries des avocats entrecoupée par les réquisitions du procureur qui demande dix-huit mois de prison, dont six avec sursis et un mandat de dépôt, mais toujours pas de preuves tangibles sur le déroulé des faits. Le tribunal rendra son verdict le 10 mars prochain.