André Piguet décortique les dérives de l’école genevoise
Après 41 ans de carrière dans l’enseignement primaire et les sphères décisionnelles, André Piguet livre un regard aiguisé sur l’évolution de l’école genevoise dans un ouvrage publié chez Slatkine.
André Piguet observe que les nombreuses réformes adoptées à Genève depuis des décennies n'ont pas permis de faire reculer l'échec scolaire. «On a investi des millions et testé des dispositifs, mais la situation reste inchangée», déplore-t-il. À ses yeux, cette instabilité n’émane pas des élèves, mais des décideurs, trop enclins à multiplier les réformes sans vision claire.
Son livre, «École primaire genevoise: lorsque la bougeotte éclipse l’essentiel» se divise en deux parties. Tout d’abord, une chronique critique des politiques scolaires passées, et une réflexion tournée vers l’avenir. André Piguet met en garde contre les représentations erronées qui fondent trop souvent les décisions pédagogiques: «On esquisse des réformes à partir de représentations fausses, comme celle de l’échec scolaire vu uniquement comme un manque de moyens».
Exigence, rigueur et démobilisation
L’auteur plaide pour un retour à une exigence bienveillante, moteur essentiel de réussite. Il cite la disparition de la calligraphie comme symptôme d’une baisse généralisée des attentes. «Le niveau d’exigence est le paradigme le plus pertinent en éducation», affirme-t-il. Cette rigueur ne doit pas être confondue avec sévérité, mais valorisée comme levier d’émancipation.
Il pointe également la «douce inquisition du rendre compte» comme source de démotivation pour les enseignants. Forcés de justifier chaque action, ils sont soumis à une pression bureaucratique qui nuit à leur cœur de métier. Il défend une reconnaissance accrue du caractère technique et complexe de l’enseignement, souvent minimisé dans le débat public.
Un livre pour tous
Sans prétendre déclencher un tournant, André Piguet espère que son livre puisse inspirer une prise de conscience, tant chez les parents que chez les professionnels de l’éducation. «Je ne m’illusionne pas, mais si ça peut influencer certains comportements, ce sera déjà beaucoup», conclut-il.