Genève

Après avoir obtenu un accord sur les 30km/h, le Canton lance une enquête publique

18.10.2023 18h45 Lucie Hainaut

Voiture

Le Canton lance une enquête publique, après avoir trouvé un accord sur les limitations de vitesse. Vendredi, le Département des Mobilités a annoncé un compromis avec les acteurs de la mobilité motorisée. Ils avaient fait recours contre le précédent arrêté sur le 30km/h en ville. Si le TCS s’engage à retirer son recours, d’autres oppositions sont pour le moment toujours pendantes.

Pierre Maudet parle d’un compromis pragmatique. C’est aussi l’avis du TCS, qui a cosigné l’accord sur les limitations de vitesse, aux côtés de l'Association suisse des transports routiers section Genève, genèvemobilité et l'Automobile Club de Suisse: «On a un maintien de la hiérarchie du réseau qui permet d’avoir toute sa fonctionnalité pour le trafic professionnel, pour les ambulances, les policiers, les transports collectifs, se réjouit Yves Gerber, directeur du TCS Genève. Et on a plus de citoyens maintenant qui sont moins exposés au bruit la nuit, puisqu’on a fait une concession sur certains axes qui sont en plein centre-ville, où on passe à 30 km/h la nuit.»

Déception du côté des associations écologistes

Un enthousiasme que ne partage pas l’association actif-trafic: «Nous sommes assez déçus de ce retour en arrière parce qu’il y a des axes très importants comme la route du Grand-Lancy, comme l’avenue de France, comme Pictet-de-Rochemont où les gens vivent, où les gens travaillent, et où ils ont aussi besoin de protection contre le bruit, déplore Thibault Schneeberger, coordinateur chez actif-trafiC Romandie. C’est un enjeu majeur de santé public, c’est aussi un enjeu de sécurité routière: on a trois fois moins de chances de mourir en cas de collision lorsqu’on est piéton ou cycliste. Donc nous espérons maintenant que ces mesures vont aller de l’avant et puis que l’État n’hésitera pas à faire respecter les normes de protection contre le bruit sur les axes qui sont malheureusement concernés par ce compromis.» Pour autant, l’association de promotion des modes de transport durables ne prévoit pas de s’opposer à cet accord.

«Nous ne voulons pas un marché de dupes»

Les associations de défense de la mobilité motorisée se sont donc engagées à retirer leur recours, mais d’autres organisations n’ont pas pris un tel engagement. C’est le cas par exemple du MCG: son recours est toujours pendant. Une décision justifiée par le président du parti François Baertschi: «Nous allons attendre l’issue de la procédure en cours, savoir si l’arrêté est accepté. S’il est arrêté et qu’il n’y a pas de recours, nous retirerons notre propre recours. Nous voulons aller dans la bonne direction, nous ne voulons pas faire d’obstruction, mais nous ne voulons pas un marché de dupes.»

Un syndicat de police opposé aux limitations de vitesse

L’UPCP, un syndicat de policiers, s’oppose lui aussi aux réductions de vitesse: il juge les limitations à 30km/h impraticables dans le cas de courses d’urgence. Il ne compte pour le moment pas retirer son recours: «Sur la rue de Carouge par exemple, la limite de vitesse maximale lors d’une course d’urgence serait à 75 km/h avant de soudainement tomber à 45 km/h, fait-il savoir par l’intermédiaire de son avocat, Me Romain Jordan. C’est impraticable et ça expose les policiers à des poursuites pénales […], sans parler d’un retrait de permis. Il est donc nécessaire de prévoir un régime légal approprié pour ces situations. A ces conditions, un retrait du recours pourrait évidemment intervenir».

Les Genevois ont désormais 30 jours pour faire part de leurs observations dans le cadre de l’enquête publique. Ensuite de quoi l’arrêté sera publié, et il sera possible d’y recourir pendant 30 jours à nouveau.