Audrey Leuba: «Nous avons tout tenté pour trouver un accord»
La rectrice de l’Université de Genève revient sur l’échec de la stratégie du dialogue. Elle répond également aux critiques qui ciblent l’institution qu’elle dirige, notamment sur le sentiment de perte de contrôle.
Six jours après le début de l’occupation d’Uni Mail, la rectrice Audrey Leuba a choisi de porter plainte et d’ouvrir la voie à une évacuation. «Nous avons tout tenté pour trouver un accord avec le collectif dans le cadre de comité scientifique. Nous attendions des gestes. Dès le départ nous avions identifié des lignes rouges, comme l’occupation de nuit ou la banderole (from the river to the sea, NDLR).» L’absence de réaction de la CEP a poussé le rectorat à agir. «Si l’on veut dialoguer, c’est des concessions que l’on doit faire», glisse la rectrice.
Audrey Leuba assume cependant d’avoir tenté la stratégie du dialogue. Le choix de porter plainte est pour elle synonyme de prise de responsabilité par l’université: «On avait des enjeux de sécurité, on avait une partie de notre communauté qui se sentait intimidée. Nous avons des étudiants qui sont inquiets en pleine préparation d’examens. Nous devons en tenir compte et c’est ce que nous sommes en train de faire.»
Des revendications examinées par le comité scientifique
Interrogée sur la dérive idéologique, Audrey Leuba relève que le mouvement est repris par des mouvements extérieurs, avec des logos et des slogans politiques. «Cela n’est évidemment pas admissible dans nos locaux», commente-t-elle.
Pour revenir aux revendications des manifestants, la rectrice est vague. La fin des collaborations avec les Universités israéliennes est en cours d’examen par le comité scientifique. De même, la qualification de génocide par l’université est également en réflexion.
Interrogé sur le sujet, le conseiller d’État espérait que le dialogue puisse aboutir. «L’acte des jeunes et des universitaires devant Uni Mail, c’est de la démocratie, c’est du débat et cela doit aboutir à un accord. Je regrette que cette volonté-là ne se soit concrétisée. Peut-être aurait-il fallu plus de temps, mais le temps n’est plus au rendez-vous puisqu’avec la plainte pénale, c’est le Procureur général qui doit intervenir. (…) Ce n’est pas parce que le débat n’est pas serein qu’il n’y a pas de dialogue. Je ne veux pas la rupture du dialogue parce que les lignes rouges sont franchies. Cela fait partie de toute négociation que d’avoir des moments plus tendus.»