Genève

Batteries au lithium dans nos poubelles, Serbeco tire la sonnette d'alarme

13.05.2025 19h40 Rédaction

serbeco

Bertrand Girod, directeur général de Serbeco, tire la sonnette d’alarme. Face à la multiplication des objets contenant des batteries au lithium, les centres de tri comme le sien font face à des incendies de plus en plus fréquents. Une menace grandissante pour l’ensemble de la filière de recyclage.

«Un simple objet peut provoquer un incendie incontrôlable», avertit Bertrand Girod. Patron de cet acteur majeur du tri et de la collecte des déchets à Genève, il décrit une situation devenue critique. En cause: la prolifération des batteries au lithium dans des objets du quotidien, comme les cigarettes électroniques, jouets, cartes de vœux musicales ou simples appareils électroniques usagés.

«Ces piles contiennent une quantité d’énergie phénoménale. Un choc, un court-circuit, une montée en température… même plusieurs mois après leur élimination, elles peuvent s’enflammer spontanément», explique-t-il. Le risque est d’autant plus grand que ces déchets se retrouvent souvent dans les mauvaises filières de tri.

Un risque devenu «intenable»

Le point de bascule a été atteint en août 2024, lorsqu’un incendie majeur a frappé les installations de Serbeco à Genève. «Les dégâts ont été considérables. Et nous ne sommes pas seuls : d’autres centres, à Paris notamment, ont été touchés récemment», rappelle Bertrand Girod. Résultat face à la multiplication des sinistres, les assurances se désengagent. «La majorité refuse désormais d’assurer ce secteur. Le risque est alors entièrement supporté par les entreprises privées, ce qui devient intenable.»

Une situation d’autant plus préoccupante que ces entreprises opèrent souvent sous délégation publique. Si elles venaient à disparaître, c’est tout un pan de la gestion des déchets qui serait menacé. «Il faut se poser la question: que se passera-t-il si ces acteurs clés cessent leur activité?» interroge-t-il.

Solutions et prises de conscience attendues

Face à cette crise grandissante, cinq axes de solution émergent selon Serbeco:
La sensibilisation: informer le public sur les bons gestes, notamment le retour des objets en magasin ou en déchèterie.
L’évolution du langage: «Une cigarette électronique jetable donne l’impression qu’on peut la jeter à la poubelle, ce qui est faux», souligne Bertrand Girod.
Les technologies de prévention: canons d’extinction automatiques, caméras thermiques, systèmes de détection.
La question assurantielle, encore en suspens.
Le financement: inclure dans le prix de vente initial d'une objet, une part destinée à sa collecte et au traitement de sa fin de vie.

À l’échelle individuelle, le message de Bertrand Girod est clair: «Tout objet qui fait de la lumière, du son ou bouge ne doit jamais finir dans une poubelle classique. Même pas une carte musicale dans le papier!» Enfin, une réponse systémique est attendue. «La France vient d’adopter des lois pour soutenir l’économie du recyclage. En Suisse, les discussions doivent s’accélérer, tant au niveau cantonal que fédéral.»