Bébé secoué: la nounou jugée en appel
Ce lundi s’est tenu le procès en appel d’une nounou. Cette garde d’enfant avait été reconnue coupable d’avoir entraîné la mort d’un petit garçon de 10 mois, en 2018, après l’avoir secoué. Elle avait expliqué avoir réagit ainsi après avoir constaté un malaise de l’enfant et espérait une réaction de sa part. En janvier le tribunal correctionnel avait retenu l’homicide par négligence et l’avait condamnée à 3 ans de prison avec sursis partiel. Le Ministère Public et les parents du bébé sont à l’origine de cet appel, ils étaient présents aujourd’hui.
Les plaignants, mari et femme étaient là pour dire leur besoin de voir cet acte terrible requalifié. C’est aussi l’objectif du ministère public avec ce double appel. En janvier, lors du premier jugement, la procureure en charge du dossier avait requis 6 ans de reclusion pour la prévenue, pour meurtre par dol éventuel. Ce qui signifie qu’elle ne pouvait ignorer qu’en agissant ainsi avec ce bébé, elle risquait de provoquer son décès. Cela n’avait pas été retenu par le tribunal qui avait tranché donc pour un homicide par négligence.
Pour rappel, cette nounou au dossier irréprochable et aux recommandations élogieuses a toujours soutenu avoir réagi dans la panique, face à un bébé qui venait de faire un malaise avec perte de connaissance et vomissements. Elle a raconté l’avoir secoué par « réflexe » durant 3 à 5 secondes pour le stimuler et avoir crié son prénom plusieurs fois avant de le poser, d’abord dans une chaise haute puis au sol, et d’appeler les secours puis tenter une réanimation. Le petit garçon, emmené aux soins intensifs des HUG était ensuite décédé quelques jours plus tard de ses blessures. Blessures attribuées par les experts à ces secousses.
Vers une requalification ?
« Cela ne peut pas rester une imprudence » a exposé le père de l’enfant ce matin. Il dit avoir sollicité cet appel pour « faire avancer la justice suisse. La jurisprudence doit évoluer » a-t-il justifié. Par ailleurs les époux ne croient pas en la thèse du malaise de leur bébé. Ils sont persuadés que c’est un acte de maltraitance dont le petit garçon a été victime. C’est ce qu’a plaidé leur avocat Me Marquis. C’est aussi le chemin qu’a emprunté la procureure, sans pour autant contester la thèse du malaise. Elle estime que la nounou à manqué à tous ses devoirs et à fait de mauvais choix. Des choix fatals.
Sur le banc des accusés, la prévenue a souvent été secouée de sanglots. Elle s’est exprimé d’une voix faible, a beaucoup pleuré durant l’audience, très touchée par les récits tantôt des plaignants tantôt du Ministère public. Elle a exprimé des regrets, plaidé la panique tout en réfutant avoir voulu faire du mal à ce bébé. « Je veux bien faire tout ce qu’ils veulent, tout ce qu’ils me demandent, mais je sais que cela ne rattrapera rien... » a-t-elle dit à l’attention des parents. Son avocat Me Ntah a rappelé que la véritable question était ici s’il y avait eu malaise ou pas chez ce bébé. Qu’il est très facile de dire a posteriori d’une situation ce qu’il aurait fallu faire ou pas. Et il a souligné le fait que nous n’étions pas du tout dans le contexte d’un "syndrome du bébé secoué" où son gardien est excédé par des pleurs et craque. Il demande ainsi à la Chambre d’appel de rester sur le premier jugement.
Le verdict sera rendu par écrit dans les mois à venir.